La bonne série de l’assurance-vie s’est poursuivie en mars, mais sur un rythme moins élevé qu’en début d’année. La collecte nette est ainsi retombée à 600 millions d’euros, contre 3,8 milliards d’euros en janvier et 2,3 milliards d’euros en février, d’après les statistiques publiées hier par l’Association française de l’assurance. Pour le quatrième mois consécutif, le marché est donc resté dans le vert avec des encaissements supérieurs aux retraits et aux prestations décès. Sur le premier trimestre, le solde atteint finalement 6,7 milliards d’euros, alors qu’il avait été négatif sur l’exercice 2012.

Le ralentissement tient avant tout à une baisse des cotisations, passées de 10,7 milliards d’euros en février à 9,8 milliards en mars. Il n’est en soi guère surprenant. Une bonne partie de la collecte réalisée en début d’année provenait en effet de transferts de comptes titres à la suite d’un changement de la fiscalité sur les actions et les obligations et dont les bancassureurs ont profité à plein régime. Dans un contexte de crise du pouvoir d’achat, les épargnants ont par ailleurs confirmé leur préférence pour les placements liquides et garantis. En mars, le Livret A et le Livret de développement durable (LDD) ont encore drainé à eux deux 2,79 milliards d’euros. Sur les trois premiers mois de l’année, leur collecte nette s’est élevée à 16,5 milliards d’euros, soit deux fois et demie plus que celle de l’assurance-vie.

« Malgré des résultats encourageants sur les trois premiers mois, l’assurance-vie continue à moins collecter que le Livret A et le LDD qui sont des produits de court terme […]. Cette situation devrait renforcer la volonté du gouvernement de soutenir l’épargne longue », estime Philippe Crevel, économiste et secrétaire général du Cercle des épargnants. Dans leur rapport sur l’épargne longue, remis au début du mois à Bercy, les députés socialistes Karine Berger et Dominique Lefebvre préconisaient notamment la création d’un contrat « euro croissance » pour orienter davantage l’épargne vers les PME. Une option qui a été reçue avec intérêt par les assureurs.

En attendant, il faudra voir quel sera l’impact de la baisse probable du taux du Livret A  le 1 er août (« Les Echos » du 24 avril). Celle-ci pourrait offrir un petit appel d’air pour l’assurance-vie. Par ailleurs, prévient Philippe Crevel, « il faudra analyser les résultats sur le second trimestre pour mesurer l’impact de la récession sur les épargnants. Le gouvernement espère toujours une diminution de l’épargne pour soutenir la consommation ».

Il reste que s’il a légèrement remonté par rapport au mois de février, le niveau des prestations (9,2 milliards d’euros) s’est établi à un niveau moindre qu’en mars 2012. Depuis quelques mois, les assureurs disent observer un retour à la normale des taux de rachat en lien notamment avec la moindre appétence des épargnants pour l’immobilier. AG2R La Mondiale fait ainsi état d’une réduction de 40 % des prestations en épargne au premier trimestre. Fin mars, l’assurance-vie française disposait de 1.409 milliards d’euros d’encours, soit une progression de 3 % sur un an.

Laurent Thévenin