Les acteurs de la complémentaire santé proposeront-ils tous un jour à leurs adhérents l’accès à un réseau de soins, c’est-à-dire à des professionnels de santé avec lesquels ils ont négocié des tarifs et des prestations ? Alors que plusieurs grands assureurs, groupes de protection sociale et mutuelles ont lancé leurs plates-formes ces dernières années, cette tendance de fond s’accélère en 2013. Humanis, un géant de l’assurance collective, vient ainsi de décider de rejoindre Itelis, le réseau détenu par AXA. « Nous avons choisi de prendre uneminorité de blocage au capital pour avoir notre mot à dire sur sa stratégie et ne pas être un simple client », confirme aux « Echos » Michel Keller, le président du groupe de protection sociale. Le démarrage est prévu pour cette année.« L’objectif est qu’un nombre significatif de nos assurés puissent bénéficier rapidement de ce nouveau service. Ce sera l’un des premiers dossiers que va mener à bien notre nouveau directeur général, Jean-Pierre Menanteau », ajoute-t-il.

Avec l’arrivée d’Humanis (4,5 millions de personnes protégées), Itelis pourra s’appuyer sur une base de 7,5 à 8 millions de bénéficiaires potentiels – avec l’ambition d’atteindre les 10 millions par la suite. Ce qui en fera l’un des réseaux les plus importants en termes de bénéficiaires potentiels. Kalivia (Malakoff Médéric, Union Harmonie Mutuelles) en regroupe plus de 7 millions, tandis que Santéclair (Allianz, MMA, MAAF) en compte 6,3 millions et Sévéane (Groupama, Pro BTP) 6 millions. Le réseau de Swiss Life France va, lui aussi, bientôt prendre une nouvelle dimension. Pas moins de cinq assureurs, Aviva France, Generali France, Pacifica (Crédit Agricole Assurances), Sogecap (Société Générale) et Thélem Assurances ont annoncé en janvier leur intention d’entrer au capital de Carte Blanche Partenaires. Une telle opération permettra à cette plate-forme de reposer sur 4,5 millions d’assurés, contre 2,5 millions actuellement.

En devenant plus grandes, ces structures peuvent évidemment davantage peser auprès des professionnels de santé pour obtenir de meilleures conditions. Des dépenses de santé mieux maîtrisées par les assureurs, un reste à charge moindre pour les assurés, un apport de clientèle supplémentaire pour les opticiens, les audioprothésistes ou les dentistes agréés : les promoteurs des réseaux décrivent un système profitable à tout le monde. Et qui n’a pas fini d’étendre ses services et ses partenariats.

Laurent Thévenin