En moins de quinze jours, AXA a donné une parfaite illustration de sa stratégie de développement. D’un côté, il se retire de marchés ou d’activités aux perspectives peu prometteuses ou qui demandent trop de capital, comme il vient de le faire aux Etats-Unis en vendant un vieux portefeuille d’assurance-vie pour 1 milliard de dollars (« Les Echos » du 12 avril). De l’autre, il investit toujours plus dans les pays à forte croissance, comme le montre l’acquisition annoncée hier de 50 % de Tian Ping, un assureur-dommages chinois.

Le montant de la transaction – 485 millions d’euros pour une entreprise qui a dégagé en 2011 un résultat net de 28 millions d’euros – témoigne de l’importance de la Chine pour AXA. Dans le détail, le groupe français, qui a été conseillé par Goldman Sachs, va acheter 33 % de cette société auprès de ses actionnaires pour 237 millions d’euros et souscrire à une augmentation de capital réservée pour 248 millions d’euros « afin d’en financer la croissance future ». Tian Ping sera contrôlé « conjointement » par ses actionnaires actuels et par l’assureur français.

Avec cette opération, qui pourrait être finalisée d’ici la fin de l’année, AXA se donne un peu plus les moyens de ses ambitions en Chine. « Combinée avec le succès de notre coentreprise en assurance-vie ICBC-AXA, cette opération confirme notre présence stratégique dans l’un des marchés les plus dynamiques de l’industrie », se félicite son PDG, Henri de Castries.

En mettant la main sur l’assureur Tian Ping, qui a réalisé 447 millions d’euros de primes en 2011, en hausse de 28 % sur un an, le groupe français va devenir le plus grand assureur-dommages étranger opérant dans le pays. Pour l’heure, présent à Shanghai via AXA General Insurance China, il n’y joue qu’un rôle marginal avec 42 millions d’euros de primes encaissées en 2012. Ses activités actuelles devraient être intégrées dans la nouvelle coentreprise.

L’assureur automobile Tian Ping, aux 4 millions de clients, lui ouvre de nouveaux horizons avec des licences en assurance-dommages pour la plupart des provinces (62 points de vente dans 18 provinces). AXA fonde notamment beaucoup d’espoirs sur l’ouverture récente du marché de l’assurance-automobile de responsabilité civile aux assureurs étrangers. La coentreprise avec Tian Ping va aussi se développer sur l’assurance des entreprises, les risques non automobiles des particuliers et l’assurance-santé. Autre intérêt de l’opération, souligné par Henri de Castries : « Cette acquisition dote AXA de capacités de distribution directe uniques ». Tian Ping réalise en effet déjà 20 % de ses primes via les canaux de vente directe (téléphone, Internet) – un mode de distribution qui figure en bonne place dans le plan stratégique d’AXA. Argument non négligeable, cette société est aussi « réputée pour son modèle économique à bas coût ».

Cette annonce a visiblement plu aux investisseurs, le titre AXA ayant progressé de 3,30 % hier à la Bourse de Paris sur un marché en hausse de 1,58 %.

L. T.