Vu l’état des finances publiques, François Hollande ne propose pas de réforme de grande ampleur pour améliorer l’aide aux personnes âgées dépendantes. Mais il a tout de même fait une promesse concrète, hier, dans une interview à « La Nouvelle République ». « Je doublerai le plafond de l’allocation personnalisée d’autonomie (APA) à domicile, pour les personnes les moins autonomes », a déclaré le candidat du PS à la présidentielle.

Votée en 2001 sous le gouvernement Jospin, l’APA est la principale prestation en faveur des personnes âgées dépendantes. Financée par l’Etat et les départements, elle est perçue par 1,2 million d’allocataires et coûte plus de 5 milliards d’euros par an (voir graphique). L’APA est versée sous forme d’un plan d’aide qui permet la prise en charge de services pour les personnes âgées dépendantes, à domicile ou en maison de retraite.

Le montant maximal du plan d’aide varie en fonction du degré d’autonomie. Il atteint 1.261 euros par mois pour les personnes les plus dépendantes, classées en GIR 1. Celles-ci sont généralement confinées au lit ou au fauteuil et nécessitent une présence continue d’intervenants. Elle est ensuite dégressive et descend à 541 euros pour les GIR 4. Il s’agit des personnes qui ont besoin d’aide pour la toilette et l’habillage, mais peuvent se déplacer dans leur logement. François Hollande propose de doubler ce plafond uniquement pour les personnes à domicile les plus dépendantes (probablement les GIR 1 et 2, même si le PS ne confirme pas), soit 144.000 allocataires. Une grande partie d’entre eux atteignent déjà le plafond actuel (44 % des GIR 1 et 36 % des GIR 2, selon le rapport de Bertrand Fragonard), signe que la prestation est insuffisante pour cette population.

« Des structures de répit »

Combien coûterait cette amélioration ? Le cabinet de Roselyne Bachelot, la ministre chargée de la dépendance, l’estime à 250 millions d’euros par an. « C’est même plus que cela, mais cette dépense sera entièrement financée », précise Marisol Touraine, chargée de ces questions dans l’équipe Hollande. Le candidat socialiste a annoncé, le mois dernier, l’instauration d’une « cotisation » pour financer une meilleure prise en charge de la dépendance, sans préciser sa nature ni son montant.

Dans la même interview, François Hollande annonce aussi « l’adaptation de 80.000 logements par an »pour que les Français puissent « rester chez eux le plus longtemps possible ». Il développera aussi « des actions de formation et des structures de répit » pour les aidants familiaux. « L’Etat a financé en 2011 l’adaptation de 11.000 logements pour permettre le maintien à domicile, soit 34 millions d’euros. Un crédit d’impôt pour les dépenses d’adaptation des logements bénéficie chaque année à plus de 70.000 personnes pour 30 millions d’euros », rétorque Roselyne Bachelot.

Nicolas Sarkozy, de son côté, a promis le mois dernier de « poser les bases » d’une réforme de la dépendance en 2013 s’il est réélu. Aucune précision n’a été avancée depuis. Le président de la République avait déjà fait cette promesse en 2007 et l’avait rééditée maintes fois ensuite, mais il y a renoncé en raison de la dérive du déficit.

VINCENT COLLEN