Les actionnaires de Generali convergeront samedi matin vers l’ancienne gare maritime de Trieste, pour leur assemblée générale annuelle. En 2010, ils avaient assisté aux adieux pleins d’amertume d’Antoine Bernheim. Cette fois, ils vont découvrir le visage du nouveau président, Gabriele Galateri di Genola, sans même avoir eu le temps de voir à l’oeuvre Cesare Geronzi, victime d’un putsch du conseil d’administration, le 6 avril. Un nouveau coup de théâtre n’est pas exclu, s’agissant de Vincent Bolloré. Vice-président du groupe et actionnaire depuis l’an dernier (avec 0,14 % du capital), l’homme d’affaires breton risque, a minima, d’être interpellé par les petits porteurs. Pourquoi s’est-il abstenu sur les comptes 2010 ? Comment a-t-il pu sauver sa tête, alors que le président qu’il avait contribué à faire nommer il y a tout juste un an a dû, lui, rendre son tablier, en empochant 17 millions d’euros d’indemnités ? Et dans cette affaire, quel est l’intérêt de Mediobanca, premier actionnaire de la compagnie d’assurances avec plus de 13 % du capital ? Palenzona à la manoeuvre Seul élément patent : c’est UniCredit qui tire désormais les ficelles. Actionnaire de référence de Mediobanca, le groupe bancaire était sorti affaibli de la démission de son patron, Alessandro Profumo, à l’automne, mais il est en train de revenir avec la bénédiction du ministre des Finances, Giulio Tremonti. « Mediobanca est le pivot de Generali et nous sommes le pivot de Mediobanca », soulignait récemment son président, Dieter Rampl. Cette reconquête passe par Fabrizio Palenzona. Homme fort de la fondation Caisse d’Epargne de Turin (CRT), l’un des principaux actionnaires d’UniCredit, il est vice-président de UniCredit et aussi administrateur de Mediobanca. UniCredit tenant, aujourd’hui, sa propre assemblée générale , à Rome, il n’est pas exclu que Fabrizio Palenzona s’exprime sur Generali. En attendant, c’est lui qui défie les Français dans tous les dossiers actuels. Quand, au mois de mars, la famille Ligresti a rompu avec Groupama, c’est sous ses auspices qu‘UniCredit a pris le relais et a décidé d’entrer au capital de l’assureur FonSai. Lorsque Lactalis a débarqué chez Parmalat, c’est encore lui qui a proposé les services d’UniCredit pour pouvoir aider Mediobanca et Intesa Sanpaolo à trouver un chevalier blanc italien. Et on lui prête maintenant l’intention de se mettre en travers du chemin de Vincent Bolloré. Pour les petits actionnaires de Generali, la coupe est pleine. Excédés par ces jeux de pouvoir, ils attendent du patron exécutif, Giovanni Perissinotto, qu’il s’intéresse d’abord « à la gestion des risques d’assurance, à la vente de primes, au rendement des investissements et à la juste valorisation des risques », explique Alessandro Penati, journaliste à « La Repubblica ». Et surtout, qu’il redresse le cours de Bourse. Car en trois ans comme en vingt, le rendement de l’action Generali s’est révélé inférieur de 60 % à la moyenne du secteur, dividendes compris, calcule « Il Corriere della Sera ». Seuls motifs de satisfaction aux yeux des petits actionnaires : entre 2001 et 2010, Generali a augmenté sa collecte de primes de 28 milliards d’euros quand Allianz progressait de 25 milliards et AXA de 18 milliards et, sur cette période, Generali les a moins sollicités puisqu’il n’a accru son capital que de 2,8 milliards quand AXA et Allianz l’ont fait à hauteur de respectivement 11 et 18 milliards d’euros. CORRESPONDANT À ROME Guillaume Delacroix, Les Echos