Prudential décide de se scinder en deux
Alexandre CounisCorrespondant à Londres

L’assurance-vie au Royaume-Uni et la gestion d’actifs européenne seront logées dans une nouvelle société baptisée « M&G Prudential ». Prudential pourra ainsi se focaliser sur l’international.
C’est la fin d’une histoire qui dure depuis 170 ans. Le premier assureur britannique, Prudential, a annoncé mercredi la scission de ses activités en deux entités : d’un côté l’assurance-vie au Royaume-Uni et la gestion d’actifs européenne, qui seront logées dans une nouvelle société baptisée « M&G Prudential » ; de l’autre côté, l’international (Asie, Afrique et Etats-Unis), offrant une plus forte croissance, sur lequel Prudential pourra désormais se focaliser. Les deux entreprises auront leur siège et seront cotées à Londres, où elles devraient faire partie de l’indice phare, le FTSE 100.

Largement anticipé depuis que le groupe avait décidé de rapprocher ses activités britanniques l’été dernier
, ce mouvement stratégique répond à une logique simple : scindées, les deux activités créeront plus de valeur que regroupées sous un même toit. C’est en tout cas le pari des actionnaires de Prudential, qui figureront à terme au capital de chacune. « Il est dans l’intérêt du groupe de fonctionner en deux entités cotées séparément, en mesure de se concentrer sur leurs priorités stratégiques distinctes dans leurs zones géographiques », a indiqué le président de Prudential, Paul Manduca.

Fin de la rivalité sur l’allocation en capital
« La séparation de M&G Prudential a la capacité de libérer beaucoup de valeur pour les actionnaires », confirmait mercredi l’analyste Trevor Moss, chez Berenberg, à l’agence Bloomberg. Il estime qu’elle pourrait être valorisée 15 milliards de livres. Pour lui, « les activités britanniques ont jusqu’à présent souffert, en termes de valorisation, de n’être qu’une petite partie d’un grand ensemble et de n’offrir ces dernières années qu’une faible croissance ». Les actifs sous gestion ont augmenté de 13 %, à 351 milliards de livres l’an dernier. « Après l’opération, M&G Prudential aura davantage la maîtrise de sa stratégie et de son allocation en capital », a souligné Mike Wells, le directeur général de Prudential, ajoutant qu’il n’y aurait plus de rivalité sur ce point avec les activités asiatiques. John Foley, l’actuel patron de M&G Prudential, restera aux commandes pour générer, comme promis l’an dernier, 145 millions de livres d’économies annuelles d’ici à 2022.
Plus dynamiques, comme le montrent encore
les résultats 2017 publiés mercredi
, les activités internationales auront, de leur côté, les coudées franches pour accélérer. Le groupe génère déjà environ un tiers de ses revenus en Asie, où il bénéficie de la montée en puissance des classes moyennes.

Cette dynamique asiatique explique en grande partie la hausse du bénéfice net de 24 % enregistrée l’an dernier, à 2,39 milliards de livres (2,7 milliards d’euros). Prudential est également bien placé aux Etats-Unis pour tirer parti de la gestion des retraites des baby-boomeurs. La Bourse a applaudi l’annonce de la scission, et fait bondir l’action de plus de 5 %. Aucun calendrier précis n’a été annoncé, mais l’opération devrait être bouclée d’ici à la fin de l’an prochain. Avant d’y parvenir, le groupe cédera un portefeuille de gestion de retraites de 12 milliards de livres au groupe Rothesay Life. Cette activité est jugée trop gourmande en fonds propres et, donc, trop chère à exercer. Le produit de la vente servira à financer la scission.
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