L. T.
Al’occasion de la publication des résultats annuels de Generali jeudi, Jean-Laurent Granier, le PDG de la filiale française, détaille la stratégie de l’assureur dans l’Hexagone, son troisième marché après l’Italie et l’Allemagne.
Quand vous avez été nommé à la tête de Generali France en mai dernier, vous deviez accélérer le redressement opérationnel. Où en êtes-vous ?
Les résultats 2017 portent les premières marques de cette politique. Cela se voit dans la bonne dynamique de l’activité nouvelle, aussi bien en termes de qualité de la production qu’en volumes. En épargne, par exemple, les unités de compte ont représenté 41 % de notre collecte, soit 13 % de plus que la moyenne du marché. L’assurance-dommages, qui était en stagnation depuis plusieurs années, a retrouvé une dynamique de croissance. Le résultat opérationnel (+ 6 %, à 744 millions d’euros) et le résultat net (+ 5,7 %) sont en hausse, malgré un coût des catastrophes naturelles presque équivalent à celui de 2016.
D’où va venir la croissance dans les années à venir ?
Nous voulons revenir dans le Top 3 sur nos marchés cibles : les professionnels et les PME aussi bien dans l’assurance-dommages que dans la protection sociale (santé, retraite, prévoyance), ainsi qu’en épargne et en gestion de patrimoine. La nouvelle organisation, que nous mettons en place au 1er avril et qui sera articulée autour de cinq marchés et centrée sur le business, doit nous y aider.
Qu’en est-il pour l’assurance-dommages des particuliers, un marché particulièrement attaqué par les bancassureurs ?
Nous ne faisons pas la course au chiffre d’affaires, mais nous travaillons sur la qualité de la souscription. Cela nous permet d’avoir des fonds de portefeuille qui tiennent très bien. Sur ce marché, nous donnons aussi la prime à l’innovation, par exemple, via des alliances avec des assurtech comme Leocare (pour une assurance à la demande en auto et habitation) ou Otherwise (pour une assurance collaborative chiens et chats). Generali France a aussi une très forte capacité à travailler en marque blanche sur le marché des particuliers avec le courtage en ligne ou le courtage affinitaire, par l’intermédiaire de notre filiale L’Equité notamment. Nous avons l’ambition d’être reconnu comme l’acteur de référence en B to B to C. Cela nous donne aussi un poste d’observation privilégié sur le marché de l’assurance.
Comment sera vendue l’assurance demain ?
Face à l’afflux d’informations, je pense que l’accès à un professionnel capable d’expliquer et de rassurer sera un élément encore plus important qu’aujourd’hui. D’autant plus que l’assurance reste un produit plutôt complexe. C’est pourquoi nous avons un vaste programme de renforcement et d’optimisation de notre réseau d’agents généraux. Il s’agit à la fois de compléter notre dispositif géographique (840 points de vente), de faciliter la constitution d’agences multispécialistes, mais aussi de faire de nos agents des entrepreneurs « connectés », présents sur le Web. Nous allons aussi réinvestir dans notre réseau salarié de 1.700 conseillers et chargés de clientèle. C’est un réseau de proximité qui présente des atouts pour prospecter la clientèle des seniors, un marché sur lequel nous misons beaucoup. Mais, au total, Generali France garde une distribution bien plus diversifiée que ses concurrents – nous sommes en particulier des acteurs reconnus du monde du courtage -, ce qui fait que nous ne sommes pas dépendants d’un seul modèle.
Le secteur se focalise sur l’expérience client. Quelle est votre priorité ?
Nous devons être à l’avant-garde d’une relation client fluide et sans couture. Le marché n’est globalement pas très avancé sur ce sujet et le client n’a pas encore perçu de véritable révolution. L’enjeu est de simplifier tout ce qui se voit et de sophistiquer tout ce qui ne se voit pas, et d’aller vers des réponses en temps réel. Il devient, par exemple, possible de faire une indemnisation grâce à une simple photo et non plus sur la base d’une expertise. Les data, l’intelligence artificielle, le « machine learning » vont nous donner l’occasion de transformer profondément notre métier.
Envisagez-vous des acquisitions ?
Le groupe Generali croit à la capacité du marché français de se développer. A partir de là, il n’y a pas d’interdit à la croissance.
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