Elsa ConesaBureau de New York
Alors que le Congrès américain envisage d’autoriser les véhicules sans volant ou pédales, des start-up développent des systèmes permettant de prendre la main à distance.
L’accident mortel d’un piéton en Arizona, impliquant dimanche dernier un prototype de robot-taxi d’Uber, a posé pour la première fois de manière dramatique la question de la dangerosité des voitures autonomes. Et encore, celle-ci avait-elle à son bord un ingénieur censé réagir à tout problème.
Mais, dans quelques jours, ce sont des voitures sans conducteur et, pour la première fois, sans personne derrière le volant, qui sillonneront les routes de Californie. Il y aura bien un chauffeur, mais installé à des kilomètres du véhicule,
dans un bureau aménagé en cockpit avec des écrans, des pédales et un volant
. Il pourra communiquer avec la police et les passagers si besoin.
L’Etat de Californie a en effet autorisé les constructeurs
à faire des tests de véhicules parfaitement vides à partir du mois d’avril, mais a imposé la présence d’un pilote à distance, capable de prendre la main en cas de problème.

Alors que le
Congrès américain envisage de passer un texte
autorisant les véhicules dépourvus de pédales et même de volant, à l’image de celui
sur lequel travaille actuellement General Motors
, la plupart des constructeurs planchent sur des solutions faisant intervenir des humains dans le pilotage, à des degrés divers. Malgré le développement des capteurs et de l’intelligence artificielle, les ingénieurs admettent en effet que même les véhicules les plus sophistiqués ne seront pas infaillibles.

Contrôleurs aériens de la route
Nissan a ainsi développé un service d’assistance baptisé « Seamless Autonomous Mobility », qui permet d’envoyer des consignes, voire un itinéraire au véhicule en cas de nécessité. Waymo (Alphabet) ou GM conçoivent de leur côté des systèmes d’assistance capables d’informer le véhicule en temps réel. D’autres auront recours à des services de conducteur à distance, comme ceux que proposent Phantom Auto, ou
Starsky Robotics, spécialisé dans les camions sans conducteur.

« La technologie des véhicules autonomes a fait des progrès incroyables, elle est au point à 98-99 %,
a expliqué à CNBC le cofondateur de Phantom Auto, Elliot Katz
. Mais pour le 1 à 2 % restant, il faut un humain dans la boucle. Nous sommes cet humain, même s’il est assis très loin de la voiture. » Actuellement, Phantom Auto, une start-up californienne fondée l’an dernier, peut gérer jusqu’à 5 véhicules simultanément, mais l’objectif est qu’il n’intervienne, à terme, que dans les situations extrêmes. L’entreprise se voit intervenir un peu comme le font les contrôleurs aériens pour réguler le trafic des avions.

L’un des obstacles au développement de ces services demeure toutefois la qualité de la couverture permettant d’assurer la communication entre la voiture et le conducteur. Phantom utilise la technologie de la 4G, et le système GPS avec un petit boîtier placé dans le coffre, ainsi que des caméras. Autre difficulté : le temps de latence entre le moment où le pilote à distance est sollicité et celui où il est suffisamment informé pour prendre la main.
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