L. T.
DEUX TIERS DES ÉPARGNANTS SE DÉTOURNERAIENT DE L’ASSURANCE-VIE SI SON CADRE DEVENAIT MOINS AVANTAGEUX.
La réponse – sans appel mais sans surprise non plus – vient à point nommé pour les assureurs en cette période de campagne électorale. Les Français ne veulent pas entendre parler d’une hausse des taxes sur l’assurance-vie. D’après un sondage réalisé par l’Ipsos pour la Fédération française de l’assurance (FFA) et publié jeudi, ils ne sont que 8 % à penser qu’il faudrait les augmenter.

Autre confirmation, les détenteurs d’un contrat d’assurance-vie sont très sensibles à la moindre modification de son cadre. Si la fiscalité de ce produit devenait moins avantageuse, deux tiers d’entre eux s’en détourneraient, soit en épargnant moins ou plus du tout (30 %), soit en retirant leur argent (36 %). Dans le cas de figure où l’avantage fiscal maximum associé à l’assurance-vie ne devait plus jouer qu’à partir de 10 ans ou de 12 ans, au lieu de 8 ans actuellement, un nombre important d’épargnants (25 % dans le premier scénario, 29 % dans la seconde hypothèse) reprendraient leur épargne ou épargneraient moins. De même, 77 % des personnes interrogées se disent contre une réforme qui consisterait – comme celle proposée par Emmanuel Macron – à aligner le taux d’imposition de l’assurance-vie sur les autres produits d’épargne, et donc à raboter son avantage concurrentiel (« Les Echos » du 10 mars).

Contrat de confiance
Or, précisément, 61 % des Français et 75 % des détenteurs d’un contrat d’assurance-vie trouvent qu’elle est un produit intéressant car peu taxé sur le long terme. « Les Français font un lien très clair entre durée et fiscalité. […] S’il n’y avait pas l’assurance-vie, on augmenterait la volatilité de l’épargne des Français », affirme Bernard Spitz, le président de la FFA. « Toute rupture brutale et inexpliquée de ce contrat de confiance provoque des réactions immédiates et très marquées », commente pour sa part Stéphane Dedeyan, président de la commission des assurances de personnes de la FFA et directeur général délégué de Generali France.

A l’inverse, les détenteurs d’un contrat d’assurance-vie réagissent favorablement à la proposition d’un avantage supplémentaire au-delà de 12 ans de détention. Dans ce schéma, 42 % conserveraient leur contrat au moins jusqu’à 12 ans. Ils seraient même 24 % à épargner davantage. Des chiffres à rapprocher toutefois du fait que la durée de détention moyenne est supérieure à 11 ans. « Les Français sont assez tolérants à l’idée d’une évolution vers 12 ans », retient Bernard Spitz. « Ce qu’il ne faut surtout pas faire, c’est aller à l’encontre de leur psychologie », prévient-il.

Un produit grand public
L’assurance-vie compte 37 millions de bénéficiaires pour 54 millions de contrats.

53 % des Français ont un contrat (48 % des moins de 35 ans, 51 % des 35-59 ans et 62 % des personnes âgées de plus de 60 ans).

47 % des foyers ont plusieurs contrats.
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