C’était une étape indispensable à l’arrivée future de la voiture autonome sur les routes. Dans un communiqué diffusé mercredi, la commission des affaires économiques de l’ONU (Unece), a annoncé la révision de la convention de Vienne, qui fixe les grands principes de la circulation routière mondiale depuis 1968. Le texte autorise désormais pour de bon les systèmes de conduite automatisée, « à condition qu’ils soient conformes aux règlements des Nations unies sur les véhicules ou qu’ils puissent être contrôlés voire désactivés par le conducteur ». Systèmes de maintien sur la voie, de respect des distances de sécurité, de navigation dans les embouteillages, d’assistance au stationnement, de freinage automatique d’urgence… Autant de dispositifs d’aide à la conduite, appelés « Adas » dans le jargon des industriels, qui sont en fait déjà présents sur nombre de voitures de nouvelle génération.
Paradoxe
C’est là tout le paradoxe. « On donne aujourd’hui une reconnaissance légale à des technologies qui se sont de fait développées très rapidement ces dernières années » indique aux « Echos » Yves Van der Straeten, secrétaire général de l’Organisation internationale des constructeurs automobiles (Oica), qui travaille directement à l’élaboration des futures réglementations. Qu’il s’agisse d’Audi (Q7), de BMW et de Mercedes (Classe E), les modèles des constructeurs premium permettent de circuler en lâchant le volant dans certaines situations. Le spécialiste américain de la voiture électrique haut de gamme Tesla est allé même plus loin avec son système Autopilot. Testé par « Les Echos » sur autoroute, il gère même seul les dépassements : il suffit de mettre le clignotant et le système change de file en dosant la vitesse. Tout celajusqu’à 140-150 kilomètres à l’heure… « Il est même surprenant que Tesla ait pu faire homologuer une voiture intégrant une technologie aussi autonome », juge un professionnel. L’automatisation est donc déjà une réalité sur la route, même si les systèmes ne savent pas gérer l’ensemble des situations de conduite. Neige, brouillard, ronds-points embouteillés, insertion sur le périphérique… Autant de situations qui mettront encore du temps à être maîtrisées en toutes circonstances.
S’il a décidé d’accompagner les progrès technologiques, le régulateur n’a pas pour autant ouvert totalement ouvert la porte à la généralisation de la voiture autonome. L’amendement voté par l’Unece ne change pas l’article 8 de la convention de Vienne, qui dit : « Le conducteur d’un véhicule doit éviter toute activité autre que la conduite », et qui oblige le véhicule à « avoir un conducteur ».
En l’état, les bénéfices de la conduite autonome – travail, lecture, repos… – restent donc au stade de promesse. Le conducteur qui utilise les systèmes d’aide à la conduite doit rester concentré, prêt à reprendre en main son volant.
La nouveauté est que le régulateur est désormais entré dans le jeu. « C’est une très bonne nouvelle » indique Olivier Dumain, directeur de la gamme électrique de BMW. L’Unece a d’ailleurs annoncé sa volonté d’aller plus loin, en révisant le règlement numéro 79 de l’ONU, qui limite les capacités des pilotages automatiques en dessous de 10 kilomètres/heure. Une réglementation devrait être définitivement en place au plus tôt en 2017. Le chantier est désormais lancé.
Maxime Amiot, Les Echos
Julien Dupont-Calbo, Les Echos

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