L’effet de surprise aura été total . AXA a annoncé lundi la décision d’Henri de Castries, son PDG, de quitter ses fonctions le 1er septembre prochain. Celui qui dirige le géant français de l’assurance depuis près de seize ans avait certes déjà indiqué que son mandat actuel serait le dernier. Mais il n’avait jamais précisé s’il irait jusqu’à son terme en 2018 ou s’il passerait la main avant.
C’est un tandem qui va le remplacer, avec une dissociation des fonctions de président et de directeur général. Denis Duverne, le fidèle numéro deux d’Henri de Castries, va devenir président non exécutif du conseil d’administration le 1er septembre. A cette même date, l’Allemand Thomas Buberl, l’actuel patron d’AXA Allemagne et membre du comité de direction du groupe, deviendra directeur général. Sa nomination a été décidée samedi « à l’unanimité » par le conseil d’administration « au terme d’un processus approfondi entamé à ma demande au quatrième trimestre 2013 », indique Henri de Castries, dans une lettre envoyée lundi aux salariés d’AXA.
Avec Thomas Buberl, qui sera seulement le troisième patron opérationnel de l’histoire du groupe, après le fondateur Claude Bébéar et Henri de Castries, le deuxième assureur européen envoie un double signal. Il choisit un jeune « quadra » né en 1973 qui aura « le temps d’imprimer sa marque », estime un analyste. Et ce, au moment précis où l’assurance doit réussir sa transformation numérique. « Le digital impose aussi un rajeunissement des élites », souligne un autre analyste. AXA a aussi fait le choix de nommer un étranger à sa tête – une rareté pour une grande entreprise française. Ce qui reflète, selon un troisième analyste, « une volonté de projeter le groupe dans une dimension plus internationale ».
« Le meilleur moment »
A entendre Henri de Castries, « nous étions au meilleur moment pour faire ce passage de témoin ». Cette annonce intervient trois mois avant la présentation du prochain plan stratégique d’AXA, le 21 juin. « Il est naturel qu’une nouvelle équipe lance et porte » ce plan, affirme Henri de Castries. « C’est une bonne décision d’anticiper le renouvellement de l’équipe dirigeante », se réjouit un analyste, qui avait « peur d’une éventuelle fin de règne difficile ».
Henri de Castries va ainsi partir sur des résultats 2015 record. L’an dernier, AXA a dégagé un résultat opérationnel au plus haut, à 5,57 milliards d’euros, pour un résultat net de 5,62 milliards d’euros (en hausse de + 12 % par rapport à 2014). L’assureur a également atteint tous les objectifs fixés dans son plan stratégique 2011-2015. Interrogé lors d’une conférence de presse sur le fait qu’il n’ait pas pris le poste de président, Henri de Castries a répondu qu’il souhaitait « que l’entreprise puisse respirer en dehors de [sa] présence ». Avec la nomination de son bras droit Denis Duverne comme président du conseil d’administration, AXA fait toutefois le choix d’une certaine continuité.
Alors que les spéculations vont bon train sur la suite de sa carrière, Henri de Castries, soixante et un ans, est resté très évasif. Ce dimanche encore, le « Sunday Times » le donnait favori pour devenir président de la banque britannique HSBC, où il vient d’entrer au conseil d’administration (voir ci-contre). Une chose est sûre, celui qui est aussi administrateur du géant de l’agroalimentaire Nestlé n’entend pas rester inactif. « Je n’ai l’intention de rentrer dans une maison de retraite ni d’aller jouer au golf », plaisante-t-il. Questionné sur un éventuel intérêt pour une carrière politique, il a indiqué avoir « un intérêt pour les débats d’idées », mais « il y a d’autres moyens de porter des idées et d’alimenter des débats que la politique ». Président de l’Institut Montaigne depuis juin 2015, il entend bien – à l’approche de la campagne présidentielle française – nourrir les travaux de cet influent think tank.
Suite à ces annonces, le titre AXA a pris 0,53 %, à la Bourse de Paris, après avoir gagné jusqu’à 1,83 % en matinée.
Laurent Thévenin, Les Echos

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