L’attractivité de l’assurance-vie ne se dément pas. Selon les chiffres publiés jeudi par l’Association française de l’assurance (AFA), le placement affiche une collecte nette (l’écart entre les retraits et les dépôts des épargnants) de 2,1 milliards d’euros au mois de février. Sur les deux premiers mois de l’année, la collecte atteint ainsi 4,4 milliards d’euros. Et au total, l’encours du placement est porté à 1.547 milliards d’euros.

Cette performance est, certes, légèrement moins favorable que celle du mois de janvier – le produit d’épargne avait alors collecté 2,3 milliards d’euros. Mais elle contraste avec la vague de décollecte du Livret A. Accumulant des pertes de dépôts depuis dix mois, le livret d’épargne réglementé, rémunéré à un plancher historique de 1 %, a perdu 2,26 milliards d’euros depuis le début de l’année.

Ce succès, l’assurance-vie le doit surtout à des vents favorables. «  La confiance des ménages progressant, il est assez logique qu’ils privilégient les placements longs, et donc l’assurance-vie », estime Philippe Crevel, directeur du Cercle de l’épargne, dans une note d’analyse. Dans un contexte de taux faibles, l’assurance-vie bénéficie aussi d’un avantage comparatif non négligeable : « Le différentiel de taux avec le Livret A, qui sert un rendement de 1 %, ou encore avec le plan épargne logement (PEL), qui assure un rendement de 2 % aux épargnants depuis sa réforme, rend l’assurance-vie particulièrement attractive », fait valoir Cyrille Chartier-Kastler, fondateur du cabinet Facts & Figures. Selon les prévisions du cabinet de conseil, en dépit de l’érosion de ses rendements, le produit d’épargne longue devrait encore fournir un rendement compris entre 1,8 % et 2 % cette année, contre 2,5 % en moyenne en 2014, 2,8 % en 2013 et 3,6 % en 2009.

Résolument tournés vers l’assurance-vie, les Français continuent toutefois de privilégier les fonds en euros pour sécuriser leurs avoirs. En février, ceux-ci ont drainé 9,2 milliards de cotisations, contre 2,1 milliards d’euros seulement pour les unités de compte (UC). Au total, 18,5 % des cotisations ont été investies en unités de compte en février. C’est bien davantage que l’an dernier : les « UC » ne représentaient alors que 12,6 % des cotisations totales.

Mais pour la profession, il faudrait aller beaucoup plus loin pour éviter de faire porter aux assureurs les risques liés à une remontée brutale des taux. « Etant donné la faiblesse des taux obligataires qui déterminent en grande partie les rendements des fonds en euros des assureurs, plus la collecte nette progresse en faveur de ces placements, plus les assureurs se mettent en risques », souligne Cyrille Chartier-Kastler. 

Sharon Wajsbrot, Les Echos