Une nouvelle page s’ouvre pour SCOR alors qu’un grand assureur japonais va devenir son premier actionnaire. Comme des indiscrétions de presse l’avaient évoqué (« Les Echos » du 6 mars), Sompo Japan Nipponkoa Holdings a confirmé vendredi qu’il allait prendre une participation de 7,8 % du capital du cinquième réassureur mondial, avec l’objectif affiché de monter ensuite « à 15 % ou plus ».

Cette nouvelle – qui a causé la surprise générale dans le monde de l’assurance – a valu au titre SCOR de gagner 1,86 % vendredi à la Bourse de Paris. « Le fait que Sompo affirme sa volonté d’acheter plus de 7 % du capital par la suite est un vote de confiance assez fort », estime un analyste parisien. Parmi les raisons avancées par Sompo pour justifier cet investissement (lire ci-dessous), celui-ci souligne « le maintien d’une rentabilité élevée » chez SCOR.

Dans l’immédiat, le groupe japonais va prendre la place de Patinex, la société du financier suisse Martin Ebner, en lui rachetant sa part. Précisant « ne pas être partie à cette transaction », SCOR souligne qu’il « accueille Sompo comme actionnaire de long terme, qui disposera des mêmes droits et des mêmes devoirs que tous ses actionnaires ». Selon nos informations, l’assureur japonais lui aurait fait part de son intérêt il y a quelques mois.

«  Cette participation n’a aucune conséquence ni sur le développement stratégique de SCOR […] ni sur sa gouvernance et sa gestion », affirme le réassureur français. « Cela ne changera rien pour SCOR, d’autant que Sompo ne proposera un représentant au conseil d’administration que lorsqu’il aura 15 % des droits de vote », renchérit un analyste.

Signaux rassurants

 

Alors qu’il voit arriver à son tour de table un grand groupe qui est aussi l’un de ses clients, SCOR se devait cependant d’envoyer des signaux rassurants à ses autres clients. C’est ainsi qu’il promet de continuer à servir tout le monde avec « professionnalisme », « intégrité » et « rigueur ».

En réalité, avec Sompo comme actionnaire principal, SCOR va encore renforcer son caractère international. Sous la houlette de Denis Kessler, le réassureur a déjà considérablement diversifié son comité exécutif, qui compte trois Français, un Allemand, un Britannique, un Canadien, un Italien et un Suisse. Son conseil d’administration est lui aussi très multiculturel. Cette gouvernance reflète l’envergure de plus en plus globale d’un groupe qui réalise moins de 5 % de son chiffre d’affaires en France. 

Laurent Thévenin, Les Echos