Le pouvoir d’achat des 15 millions de retraités va reculer en 2014. Les pensions de base ne seront pas augmentées, comme d’habitude, le 1er avril, mais le 1er octobre. Ce gel de six mois, décidé par le gouvernement dans le cadre de la réforme des retraites, permettra d’économiser 800 millions d’euros.

Mais ce n’est pas tout. Les pensions complémentaires Arrco et Agirc, versées aux retraités du secteur privé, vont elles aussi stagner cette année. Les conseils d’administration des deux régimes gérés par les partenaires sociaux, qui se réunissent cette semaine, décideront d’une revalorisation nulle au 1er avril, pour la première fois depuis le milieu des années 1990, comme l’a révélé toutsurlaretraite.com.

C’est la conséquence conjuguée de la faiblesse de l’inflation et d’un accord signé par les organisations patronales et syndicales gestionnaires de l’Agirc-Arrco. Il y a tout juste un an, le patronat, la CFDT, FO et la CFTC se sont entendus pour mettre en oeuvre un plan d’économies sans précédent afin de redresser les comptes des deux régimes, lourdement pénalisés par la crise. Le texte prévoit que les pensions seront revalorisées de 1 point de moins que l’inflation en 2014 et 2015.

La hausse des prix prévue cette année par le gouvernement est de 1,3 %. Mais celle de l’an dernier a été très inférieure aux prévisions : + 0,74 % au lieu de + 1,75 %. Il faut donc corriger la hausse trop importante des pensions qui est intervenue en 2013. Au final, les pensions complémentaires auraient ainsi dû baisser le 1er avril 2014, de 0,84 % pour l’Agirc et de 0,91 % pour l’Arrco. Mais les partenaires sociaux, qui avaient prévu cette éventualité, ont fixé un plancher dans leur accord. Quel que soit le résultat du calcul, les pensions peuvent au pire stagner, mais pas reculer. « C’est un effort qui est demandé aux retraités pour renflouer les régimes, mais il reste mesuré grâce à cette clause plancher »,estime Jean-Louis Deroussen, administrateur CFTC de l’Agirc-Arrco. « La première conséquence de ce gel des pensions sera une nouvelle dégradation des conditions de vie des retraités », dénonce la CGT, qui n’a pas signé l’accord.

L’application de cette clause plancher ne sera pas neutre pour les finances publiques. Si les pensions Agirc et Arrco avaient baissé le 1er avril au lieu de stagner, les régimes complémentaires auraient économisé 550 millions d’euros de plus l’an prochain. Une question sera donc abordée lors des conseils d’administration : l’Agirc et l’Arrco pourront-ils récupérer cette somme à partir de 2015, si l’inflation remonte ? Cela voudrait dire que les retraités perdraient encore une fois du pouvoir d’achat. « Il n’est pas question de trancher ce débat aujourd’hui. Il devra faire l’objet d’une négociation entre partenaires sociaux en 2015 », répond Philippe Pihet, vice-président (FO) de l’Arrco.

Vincent Collen