Le Lion de Trieste engrange les fruits de sa nouvelle gestion. Un an et demi après l’arrivée de Mario Greco, le « Napolitain de fer » de cinquante-quatre ans nommé à sa tête en août 2012, Generali a annoncé jeudi un résultat net de 1,91 milliard d’euros, contre 94 millions d’euros en 2012. C’est la meilleure performance de l’assureur depuis six ans. Avec 2,6 milliards de cessions, il est encore à mi-chemin de l’objectif de 4 milliards qu’il s’est fixé pour fin 2015, mais cela reste une forme de revanche pour le premier assureur du pays. Celui-ci avait en effet été placé sous surveillance négative par Standard & Poor’s pour son exposition élevée à la dette souveraine italienne en novembre dernier.

« Pour nous, c’est la conclusion d’une première année de “turnaround”[retournement, NdLr]. Ce sont des résultats solides et stables car ils ne sont pas liés à des éléments extraordinaires non récurrents », explique Mario Greco aux « Echos ». Le résultat opérationnel du groupe est ainsi en hausse de 5,3 % (à 4,2 milliards d’euros), sur un total de primes de 66 milliards d’euros. Fort de ce dynamisme, le groupe va proposer à la prochaine assemblée de multiplier par plus de deux le niveau du dividende par action par rapport à 2012. Il le portera ainsi à 0,45 euro par titre contre 0,20 euro un an plus tôt. Après la vente de ses activités de réassurance américaines à la SCOR pour 920 millions d’euros, et celle de sa filiale mexicaine Financiero Banorte, d’ultimes cessions d’actifs importantes sont encore à finaliser et devraient probablement l’être en 2014 : celles de sa filiale suisse BSI, qui a fait l’objet d’une dépréciation de 217 millions d’euros et la participation dans Telco (holding de Telecom Italia).

« A la différence du secteur bancaire, nous n’avons pas pris de risques financiers excessifs en 2007 et 2008 », souligne Mario Greco en estimant que les assureurs ont mieux traversé la crise que les groupes bancaires italiens jusqu’ici. Sur la mise sous surveillance de Generali par Standard & Poor’s, Mario Greco estime aujourd’hui que l’agence de rating n’a eu « aucun sens du calendrier ». « Standard & Poor’s nous a soumis à des “stress-tests” absurdes que nous jugeons totalement déséquilibrés », a-t-il critiqué. Pour preuve : en janvier, le groupe italien a encore réussi à lever 1,25 milliard d’euros de capitaux à 2,8 %, en dessous du coût de la dette italienne, soit « le niveau le plus bas jamais obtenu par Generali jusqu’ici ».

Après avoir réduit son portefeuille d’investissements dans les titres du Trésor de 60 à 50 milliards d’euros, Generali estime que son niveau d’exposition à la dette souveraine italienne est aujourd’hui satisfaisant. « Il est difficile de descendre plus bas face à nos 80 milliards d’euros d’actifs italiens », juge-t-il.

Malgré le redressement de son groupe, Mario Greco se garde de tout enthousiasme. Le patron de Generali reste particulièrement prudent quant aux perspectives de reprise sur ses trois principaux marchés (Italie, Allemagne, France). « L’économie européenne va un peu mieux, mais l’Italie et la France sont les deux pays qui doivent encore se reprendre. Il y a quelques signes de reprise : espérons qu’ils vont se renforcer en 2014 », a-t-il conclu.

Pierre de Gasquet
Correspondant à Rome