Avec la généralisation de la couverture santé à tous les salariés d’ici au 1er janvier 2016 au plus tard, les grands acteurs du marché individuel n’ont plus de temps à perdre pour s’adapter à cette nouvelle donne. Des cohortes entières de leurs clients rejoindront en effet des contrats collectifs. « Nous serons bien évidemment impactés, mais nous avons des cordes à notre arc, et notamment une capacité à faire des produits d’assurance collective pour toutes les entreprises », estimait ainsi hier Bruno Rousset, PDG du courtier April (300 millions d’euros de primes en santé individuelle), lors de la présentation des résultats annuels. Alors qu’il réalise seulement 15 % de son activité sur les collectives, le groupe lyonnais va donc mettre les bouchées doubles en direction des TPE et des PME.

La veille, Swiss Life France (800 millions d’euros de chiffre d’affaires en santé individuelle, dont la moitié auprès de salariés, 300 millions en collectives) ne se posait pas non plus en victime expiatoire. « Tout le marché individuel ne va pas basculer vers le collectif », souligne Pierre François, directeur général des activités prévoyance et santé.

Contrairement à beaucoup d’assureurs ou de mutuelles santé, Swiss Life dit voir« plus d’opportunités que de risques » dans cette réforme. Il va ainsi accélérer le recentrage de sa production vers les travailleurs non salariés, les seniors – des cibles qui intéressent aussi April -, les professions libérales et les chefs d’entreprise. Tout en faisant valoir son expertise auprès des TPE-PME.

Pour April comme pour Swiss Life, il pourrait aussi y avoir de la place pour vendre des surcomplémentaires aux salariés. Mais « tout dépendra du niveau des garanties décidées dans les branches », relativise Pierre François. Autre difficulté, l’assureur le mieux placé pour proposer une surcomplémentaire est a priori celui qui détient le contrat de base. « C’est certes compliqué, mais pas impossible », affirme Pierre François.

Laurent Thévenin, Les Echos