L’assurance-vie n’avait pas été à pareille fête depuis juillet 2011. Pour le troisième mois de suite, elle a en effet été en collecte nette positive en février, c’est-à-dire que ses rentrées d’argent ont été supérieures aux retraits et prestations décès versées. C’est la première fois depuis juillet 2011 que le secteur enchaîne trois mois dans le vert. La collecte nette a atteint 2,3 milliards d’euros en février, d’après les chiffres présentés hier par l’Association française de l’assurance, ce qui porte le total à 6,1 milliards d’euros en 2013. De quoi faire oublier la secousse de l’année 2012, le premier exercice à se terminer sur une collecte nette négative (- 3,4 milliards d’euros). Fin février, les encours atteignaient 1.405,5 milliards d’euros (+ 3 % sur un an).

Autre rayon de soleil pour les assureurs, ils ont fait mieux que le Livret A, qui n’a plus drainé en février « que » 1,51 milliard d’euros de collecte nette, après avoir connu des mois record. Cela ne s’était plus produit là aussi depuis juillet 2011. Ce retournement de tendance était néanmoins attendu compte tenu de la baisse de rémunération du Livret A, qui ne rapporte plus que 1,75 % depuis le 1er février, contre 2,25 % précédemment. Pour les fonds en euros, qui ont offert en moyenne autour de 3 % de rendement pour 2012, la concurrence est donc désormais moins vive.

Dans le détail, les assureurs ont plus collecté sur les deux premiers mois de l’année qu’en janvier et février 2012 (23,7 milliards d’euros, contre 22,2 milliards). Ils ont profité de transferts de flux en provenance de comptes titres à la suite de l’alourdissement de la fiscalité sur les actions et obligations, d’annonces de taux de rendement qui se sont plutôt bien tenus dans l’ensemble, et de la moindre inquiétude des épargnants sur la fiscalité de l’assurance-vie.

Dans le même temps, les prestations sont nettement plus basses qu’il y a un an grâce au retour à la normale des taux de rachats. En janvier et février 2013, les sorties d’argent sont retombées à 17,6 milliards d’euros, contre 22,9 milliards sur la même période de 2012.

Les assureurs tiennent cependant un discours toujours aussi prudent. Le souvenir de l’année 2012 et surtout la parution prochaine du rapport Berger-Lefebvre sur l’épargne longue, a priori centré sur l’assurance-vie, y sont pour beaucoup. Ils savent que la moindre annonce intempestive peut suffire à effrayer les épargnants. « Nous ne sommes plus dans un monde fermé, mais ouvert, et les flux financiers peuvent changer de direction à tout instant », souligne Claude Tendil, le PDG de Generali France (« Les Echos » du 25 mars).

Laurent Théven