Le suspense va durer encore un peu. Il faudra patienter au moins jusqu’à mardi prochain pour avoir la teneur exacte du rapport des députés Karine Berger et Dominique Lefebvre sur l’épargne longue, et la manière dont cette dernière peut mieux servir au financement de l’économie. Pilier du système d’épargne à la française avec ses 1.400 milliards d’euros d’encours, l’assurance-vie devrait y occuper bien entendu la place centrale.

Premier élément à avoir filtré – dans le « Journal du dimanche » d’avant-hier – ce texte préconiserait la création d’un nouveau produit d’assurance-vie. Il s’agirait d’un contrat « hybride » qui permettrait de trouver un juste milieu entre les contrats en euros, qui offrent la sécurité du capital, et les produits en unités de compte, plus risqués parce qu’investis en actions, et pour cette raison plus difficile à vendre aux Français. A bien des égards, il reprendrait les caractéristiques des « eurodiversifiés » que les grands assureurs aimeraient développer davantage. « En contrepartie d’une garantie en capital qui offre un rendement minimal supérieur à celui des contrats en euros, les possibilités de retrait seraient moins faciles », explique un professionnel. Selon le « JDD », ces fonds seraient bloqués pour la durée de garantie du capital. « A quelles conditions se fera le blocage des fonds ? Un des attraits de l’assurance-vie tient précisément au fait que les fonds peuvent être retirés à tout instant », souligne pour sa part Jean-Luc de Boissieu, le secrétaire général du Groupement des entreprises mutuelles d’assurance.

Visiblement rassurés sur le fait que ce rapport ne devrait pas pousser à une refonte majeure du régime fiscal de l’assurance-vie, les assureurs ne sont pour autant pas sereins à 100 %. Ils ne se disent pas à l’abri d’un possible effet d’annonce. « Rien ne serait pire que d’instaurer une assurance-vie à plusieurs vitesses », prévenait hier dans nos colonnes Claude Tendil, le PDG de Generali France, alors que le secteur sort d’une année 2012 marquée par une importante décollecte.

Au-delà du rapport Berger-Lefebvre, dont les recommandations devraient être reprises dans le prochain projet de loi de Finances, les assureurs sont surtout inquiets par les discussions parlementaires à venir et la possibilité de voir surgir des idées autrement plus dérangeantes. Comme ils l’ont toujours fait ces derniers mois, ils se raccrochent à la promesse faite par le candidat François Hollande pendant la campagne et réitérée ensuite par Pierre Moscovici, le ministre de l’Economie, de ne pas toucher à la fiscalité de l’assurance-vie.