La petite dernière du secteur bancaire français aime à jouer les poils à gratter. Philippe Wahl, son patron, n’a pas manqué hier de comparer la performance de La Banque Postale à celle des cinq grands réseaux concurrents. Avec 5,241 milliards d’euros de revenus, correspondant à une progression de 2,5 % en un an hors éléments exceptionnels, « c’est l’une des meilleures performances en banque de détail en France », s’est-il félicité. Malgré un environnement économique et réglementaire très défavorable, La Banque Postale a dans le même temps réussi à réduire ses charges de 36 millions d’euros (- 0,8 %). Mais c’est surtout la disparition du fardeau grec, très pesant en 2011, qui lui a permis d’afficher l’an dernier un bénéfice net en hausse de 39,3 %, à 574 millions d’euros.

«  Ces chiffres solides nous donnent les moyens de notre développement en 2013  », a souligné Philippe Wahl. Après le crédit à la consommation en 2010, l’assurance-dommages en 2011 et l’assurance-santé en 2012, la filiale bancaire de La Poste compte pousser les feux sur deux nouveaux métiers : le financement des collectivités locales et la banque patrimoniale. Alors qu’il a déjà octroyé 1,9 milliard d’euros de crédits aux collectivités locales, dont 1,6 milliard de prêts court terme, l’établissement compte finaliser d’ici à la fin du mois l’installation de sa coentreprise, détenue à 35 % par la Caisse des dépôts. Dotée du statut d’intermédiaire en opérations bancaires, c’est cette entité, dont le contenu et le périmètre d’intervention sont en passe d’être arrêtés, qui assurera la distribution des prêts d’une enveloppe annuelle de 5 milliards d’euros en rythme de croisière.«  Il n’y aura pas d’impasse de financement des collectivités locales en 2013  », a promis Philippe Wahl.

De façon concomitante, La Banque Postale finalisera le 2 avril l’acquisition de la BPE pour 130 millions d’euros auprès du groupe Crédit Mutuel Arkéa. «  Le sens stratégique de cette opération est d’offrir à nos 500.000 clients patrimoniaux la totalité des services et produits dont ils peuvent avoir besoin  », précise Philippe Wahl. Dans cette logique, la BPE et le savoir-faire de ses 278 salariés serviront de plate-forme de produits, moyens et outils aux bureaux de poste, mais elle sera aussi un réseau complémentaire de conquête de clientèle.

Pour autant, La Banque Postale compte poursuivre ses efforts auprès de sa clientèle de particuliers classique. Elle a déjà vu son portefeuille de clients actifs progresser de 220.000 personnes, à 10,6 millions, mais elle en vise 11 millions en 2015. Pour atteindre cet objectif, elle va renforcer son dispositif de banque à distance « La Banque Postale chez soi », qui a séduit 30.000 clients depuis son lancement en 2012. Des équipes dédiées vont ainsi s’installer dans quatre nouveaux centres financiers : Rennes, Montpellier, Toulouse et Châlons-en-Champagne.

Ninon Renaud