Lancé fin septembre 2011, le processus de cession aura pris dix-huit mois. Au terme d’une véritable course d’obstacles, AXA a annoncé vendredi dernier avoir signé un accord exclusif pour la vente de sa participation majoritaire dans AXA Private Equity, sa filiale de capital-investissement. Les craintes des acquéreurs étrangers vis-à-vis de la crise en zone euro, mais surtout le climat d’incertitude en France ont pesé sur l’avancée du processus. « La tempête fiscale de septembre dernier et l’incertitude autour de l’adoption du projet de loi de Finances ont découragé les acquéreurs étrangers », explique Dominique Senequier, présidente du directoire d’AXA Private Equity.  

Les candidats étrangers se sont peu à peu découragés, à commencer par KKR et le gestionnaire d’actifs canadien Onex. Après l’agitation de l’automne, la Caisse de Dépôt et de Placement du Québec et le fonds souverain de Singapour, GIC, présentés comme favoris jusque-là, ont également jeté l’éponge. Selon nos informations, un « family office » étranger aurait aussi renoncé dans la dernière ligne droite, en décembre dernier.

AXA conserve près de 30 % du capital

AXA Private Equity, qui gère aujourd’hui 31 milliards de dollars d’actifs en majorité dans le secondaire, passera donc entièrement sous pavillon tricolore. L’équipe de direction et les employés détiendront 40 % du capital, aux côtés d’investisseurs externes qui entreront à hauteur de 33,14 %.

Selon nos informations, Serenis, la filiale d’assurances du groupe Crédit Mutuel, serait l’un de ces acquéreurs, au côté de deux « family offices » rattachés à des industriels français.

AXA conservera aussi 26,86 % du capital et continuera par ailleurs à entretenir des relations étroites avec la société de gestion. L’assureur s’engage ainsi à investir près de 4,8 milliards d’euros dans les fonds d’AXA Private Equity entre 2014 et 2018.

Le groupe d’assurances qui, selon certaines sources de marché, poussait initialement pour une valorisation à 700 millions d’euros a finalement consenti à lâcher du lest. La valorisation finale se trouve ainsi à 510 millions d’euros. « Nous pensons que c’est la bonne valorisation de cette activité », précise aux « Echos » Denis Duverne, le directeur général délégué d’AXA. Dans l’immédiat, AXA ne touchera cependant que 348 millions d’euros. Un paiement différé, pouvant atteindre 140 millions d’euros, sera payé en plusieurs échéances, sous réserve que certains objectifs soient atteints. L’accord de cession a été présenté vendredi dernier en comité d’entreprise. Il faudra ensuite compter trois mois pour obtenir les autorisations réglementaires. L’opération devrait être bouclée en septembre prochain.

Désir d’indépendance et logique de marché

Pour AXA, cette cession relève d’un désir d’indépendance de l’équipe de gestion conjuguée à une logique de marché. « Nous avons accompagné AXA Private Equity pendant dix-sept ans depuis son lancement. Il est désormais logique qu’il prenne son autonomie car il s’agit de la configuration la plus appropriée. D’autres institutionnels l’ont fait », explique Denis Duverne.

Souvent pointées du doigt comme une cause de désengagement dans le non-coté, les nouvelles normes de Solvabilité II n’ont pas eu d’impact sur la décision.« Nous allons maintenir notre allocation actuelle en matière d’investissement dans les fonds de “private equity”, aux alentours de 2 % de notre portefeuille. Le “private equity” est une classe d’actifs importante pour notre diversification »,souligne Denis Duverne.