Allianz reprend goût aux grosses acquisitions. En annonçant hier le rachat de l’assureur turc Yapi Kredi Sigorta pour un montant net de 684 millions d’euros, l’assureur allemand réalise la plus importante opération de croissance externedepuis 2007, quand il avait acquis la majorité du capital du russe Rosno et repris les minoritaires du français AGF.

Au terme de la présente opération, le munichois va devenir leader de l’assurance en Turquie, sur un marché en forte croissance. Avec sa cible, il va totaliser 1,15 milliard d’euros de primes dans la branche dommages et accidents et détrôner ainsi Axa. En reprenant la filiale de Yapi Kredi Sigorta, appelée « Yapi Kredi Emeklilik », Allianz va par ailleurs peser 130 millions d’euros de primes sur le marché de l’assurance-vie. Cela lui permet aussi de devenir le second acteur de la retraite, avec 1,8 milliard d’euros d’actifs logés dans des fonds de pension. Le fonds d’Allianz est en l’espèce cinq fois plus petit que celui de la cible. Yapi Kredi conservera une part de 20 % dans Yapi Kredi Emeklilik.

L’allemand noue par la même occasion un partenariat exclusif de distribution de quinze ans avec Yapi Kredi, la quatrième banque privée turque. Celle-ci compte un réseau de 928 agences et 6,5 millions de clients, contre 1,2 million pour l’allemand. Allianz rachète 93,9 % des actions détenues par Yapi Kredi dans Yapi Kredi Sigorta. Les minoritaires représentant 6,1 % du capital recevront une offre obligatoire de retrait de la part d’Allianz une fois son acquisition bouclée, ce qui est espéré dans la seconde partie de 2013. Reste à obtenir l’approbation de l’autorité turque de la concurrence. «  Nous ne voyons pas en l’espèce d’obstacles majeurs », a assuré Oliver Bäte, membre du directoire d’Allianz, selon lequel l’offre des deux compagnies reste très diversifiée.

Le marché turc suscite beaucoup d’enthousiasme chez l’assureur allemand en raison des taux de croissance moyens de 12 % en vie et de 14 % en non-vie. Peu de Turcs sont assurés au sein d’une population de 75 millions de personnes, en majorité jeune. Les primes d’assurance représentent, selon Allianz, 1 % du PIB, contre près de 8 % en Europe de l’Ouest. Face à d’autres acteurs intéressés dans le dossier, l’héritage historique a pu jouer en faveur d’Allianz, dont la présence sur le marché turc remonte à 1923. L’allemand a noué un partenariat depuis des décennies avec le conglomérat Koç, copropriétaire de la banque Yapi Kredi à travers une société commune détenue avec la banque italienne Unicredit.

Jean-Philippe Lacour