Les 80 syndicats d’assurances qui se font concurrence entre eux et constituent ensemble le Lloyd’s ont enregistré l’an dernier, en données agrégées, une perte de 516 millions de livres, la plus grosse perte depuis 2001, l’année du 11 Septembre (3,1 milliards). 2012 a mieux commencé, mais le directeur général du Lloyd’s, Richard Ward, a d’ores et déjà prévu qu’elle serait « difficile » en raison du prix actuel des primes qu’il estime trop bas.

En dépit d’une saison relativement clémente pour les tornades en Atlantique, le tremblement de terre et le tsunami au Japon, les inondations en Australie et en Thaïlande, et le tremblement de terre de Christchurch en Nouvelle-Zélande ont fait de 2011 la deuxième année la plus coûteuse pour le secteur de l’assurance après 2005 (voir ci-dessous). Tous ces désastres naturels ont coûté 4,61 milliards au Lloyd’s en 2011, contre 2,12 milliards décaissés un an plus tôt. Assez pour que le Lloyd’s bascule d’un profit de 2,2 milliards en 2010 à la perte annoncée hier, et ce, malgré une hausse de 4 % des primes souscrites, à 23,5 milliards de livres.

Salaires en hausse

Le naufrage du bateau de croisière « Concordia » mi-janvier à proximité du rivage de l’île du Giglio, au large des côtes italiennes, pénalisera les comptes des membres du Lloyd’s en 2012, mais le premier trimestre de l’année a été moins coûteux que l’an dernier, a fait savoir le grand marché londonien. Cela ne signifie pas que l’année en cours sera une partie de plaisir. Richard Ward fait en effet valoir qu’un excès de capital sur les marchés de l’assurance et de la réassurance empêchait les prix de l’assurance de refléter pleinement la nouvelle donne pour le secteur. Cela est « très gênant pour les risques à déroulement long, surtout s’il y a un retour de l’inflation », avait-il expliqué aux « Echos » le 26 janvier dernier.

Le faible niveau des taux d’intérêt a par ailleurs fait chuter le rendement des portefeuilles de placement du Lloyd’s de 24 %, à 955 millions. Richard Ward s’attend à ce que cette atonie perdure. « Il est clair qu’il n’y aura pas de renforcement majeur de l’environnement d’investissement dans un avenir proche », a-t-il prévu.

Le Lloyd’s a parallèlement annoncé une augmentation de 15 % à 20 % des salaires de ses principaux dirigeants, à notamment 668.000 livres pour Richard Ward. Leur bonus potentiel en fonction de leur fixe a cependant été réduit.

NICOLAS MADELAINE, Les Echos
CORRESPONDANT À LONDRES