Virage bien amorcé pour Coface. Selon son directeur général, Jean-Marc Pillu, les résultats 2011 de l’assureur-crédit français illustre les bienfaits du recentrage sur son coeur de métier, ce qui le conduit à se désengager de certains métiers comme le recouvrement pour compte de tiers ou la production d’informations. « Le groupe a été capable de revoir complètement sa stratégie tout en continuant d’exercer son activité principale de façon performante, dans un contexte économique pourtant dégradé », estime-t-il. Alors qu’elle enregistrait une croissance annuelle moyenne de 5 % ces dernières années, la filiale de Natixis (Groupe BPCE) a vu son chiffre d’affaires progresser de 7,4 %, à 1,55 milliard d’euros (+ 7,1 % en assurance-crédit, + 11,8 % en affacturage).

Croissance modeste en France

Coface a profité d’une production nouvelle historiquement élevée (200 millions d’euros), d’un meilleur taux de fidélisation (91 %, contre 86 % en 2010) et aussi de la progression du chiffre d’affaires de ses assurés, sur lequel sont calculées les primes. C’est dans les pays émergents que la hausse est la plus forte (+ 11,4 % en Amérique latine, + 12,4 % en Asie-Pacifique et + 20,2 % en Europe centrale). En France, elle a été plus modeste (+ 3,4 %).

La rentabilité a été elle aussi au rendez-vous. En dépit d’une remontée« tangible » des impayés (+ 27 %), Coface a conservé un ratio net de sinistres à primes stable sur un an, à 57 %. Quant au ratio combiné (sinistres et frais rapportés aux primes), il s’est amélioré de 2,7 points, à 82,2 %. Le résultat net courant a atteint 121 millions sur l’ensemble de l’exercice, en hausse de 21 % sur un an. Les coûts de restructuration liés à la réorganisation se sont élevés à 49 millions d’euros aprèsimpôts.

L. T.

JEAN-MARC PILLU DIRECTEUR GÉNÉRAL DE COFACE

« L’idée reste toujours d’ouvrir le capital dès que le contexte de marché sera plus favorable »

Où en est votre recentrage sur l’assurance-crédit ?

Nous sommes en avance sur notre plan de marche. Initialement, tout devait être fini mi-2012, mais le recentrage est aujourd’hui terminé, grâce à une adhésion forte des collaborateurs. Toutes les activités non stratégiques (la vente d’informations, le recouvrement pour compte de tiers, l’affacturage en dehors de l’Allemagne et la Pologne, où nous avons des positions de leader) ont été désimbriquées des activités stratégiques. Nous avons mis en « run off » toutes les activités de « factoring ». Les autres activités de services ont été sorties du périmètre Coface SA et remontées au niveau de Natixis pour pouvoir les gérer le mieux possible avant de les rendre autonomes. Les résultats que nous présentons aujourd’hui sont donc à peu de choses près ceux du nouveau Coface « stratégique ».

L’introduction en Bourse de Coface est-elle toujours d’actualité ?

L’idée reste toujours d’ouvrir le capital dès que le contexte de marché sera plus favorable.

Coface est-il aujourd’hui autonome ?

Nous avons toujours dit que Coface ne pourrait sortir du périmètre Natixis qu’à plusieurs conditions. Il faut d’abord qu’il soit solide sur le plan financier. C’est le cas. Nos capitaux propres ont augmenté de 5,7 % l’an dernier, à près de 1,5 milliard d’euros, nos résultats sont positifs et nous sommes sur une croissance rentable. Notre autonomie financière est également une réalité. Nous nous sommes totalement désendettés.

Par ailleurs, nous venons de signer un contrat de titrisation avec quatre grandes banques qui nous a permis de lever 1,1 milliard d’euros de financement pour l’affacturage. Dans les mois à venir, nous mettrons en place d’autres formes de financement, qui nous permettront d’ici à fin 2012 d’être totalement autonomes en termes de financement de l’affacturage.

Comment évolue la sinistralité ?

Nous avons constaté dès le deuxième trimestre 2011 une montée des impayés dans certains pays (dont la France), dans certains secteurs (la construction, la distribution ou l’agroalimentaire, par exemple). Cela continue en 2012. La grande différence entre cette crise et les précédentes est que le fait initiateur perdure. Nous sommes face à un phénomène de surendettement, privé et/ou public, qui a des conséquences sur la consommation, les dépenses publiques et l’investissement. Cette crise n’est pas brutale : elle est progressive, mais n’en est pas moins redoutable. Il y a un effet de contamination à travers les exportations. Elle impacte progressivement l’Allemagne et l’Europe du Nord.

Quelles conséquences en tirez-vous ?

Nous faisons jouer à plein notre expertise en matière de pilotage des risques et nous continuons à accompagner nos clients le plus possible tout en les incitant à réorienter leurs efforts commerciaux vers des débiteurs moins susceptibles d’avoir des difficultés de paiement. Nous avons joué notre rôle en 2011. J’en veux pour preuve la progression de nos encours, qui ont augmenté de 15,6 %, soit deux fois plus que nos primes.

Et sur le plan tarifaire ?

Nous tenons un discours rigoureux à l’égard de nos commerciaux en termes de maintien des taux de prime. La conjoncture actuelle n’incite évidemment pas à la poursuite de la baisse des taux.

Les banques sont moins allantes sur le financement des entreprises à l’exportation. Quel rôle peut jouer la Coface ?

En tant que gestionnaire pour le compte de l’Etat français des garanties publiques à l’export, nous jouons un rôle d’accompagnateur des entreprises exportatrices et des banques dans leur soutien aux exportateurs français. Cette convention qui nous lie à l’Etat vient d’ailleurs d’être renouvelée pour quatre ans par le ministre de l’Economie. De plus, quand une entreprise est couverte par un contrat d’assurance-crédit, cela renforce sa crédibilité vis-à-vis des banques. En cela, nous sommes un facilitateur de crédit.

Propos recueillis par laurent thévenin, Les Echos