L’affaire était entendue depuis plusieurs mois. Il ne restait plus qu’à connaître l’ampleur des dégâts. Les pertes de Groupama pour l’exercice 2011 se sont finalement soldées à 1,76 milliard d’euros, après un bénéfice de 398 millions d’euros en 2010. Comme l’a résumé hier son nouveau directeur général, Thierry Martel, « 2011 a été l’année horrible où tous les risques se sont déclenchés en même temps ». Tout en évitant de prononcer son nom, les dirigeants de Groupama ont aussi souligné le «  manque de transparence » de Jean Azéma, l’ancien directeur général débarqué fin octobre, vis-à-vis du conseil d’administration.

L’assureur mutualiste a payé au prix fort sa forte exposition à la dette grecque (dépréciée à hauteur de 73 %) et ses participations stratégiques dans la Société Générale et Veolia Environnement, dont les cours de Bourse ont dévissé l’an dernier. Au total, les dépréciations et les pertes exceptionnelles sur actifs ont atteint 3 milliards d’euros (1,55 milliard sur la Grèce et presque autant sur ses titres stratégiques). Groupama a également dû comptabiliser 90 millions d’euros de dépréciation de « goodwill » (écart d’acquisition) sur ses filiales roumaine et grecque. A l’inverse, la déconsolidation de sa participation dans la foncière Silic, dans le cadre de son rapprochement avec sa concurrente Icade (Caisse des Dépôts), a représenté un profit exceptionnel de 578 millions d’euros. Groupama explique avoir réussi à encaisser ce choc sur ses fonds propres. « Nous n’avons pas répercuté ces pertes sur nos clients ou sur l’emploi. Il n’y a pas eu de plan social », insiste Thierry Martel. Résultat, les capitaux propres du groupe sont tombés à 5,3 milliards d’euros à fin décembre contre 7 milliards un an plus tôt. L’assureur est parvenu à satisfaire – de justesse -aux exigences de solvabilité, avec un ratio de 107 % au 31 décembre 2011, atteint notamment grâce à l’opération Silic et à la souscription par la Caisse des Dépôts de 300 millions d’actions préférentielles de GAN Eurocourtage. Il s’était également donné un peu d’air en réalisant des plus-values sur des actifs obligataires et immobiliers.

« Nos clients sont restés fidèles »

« Le plus dur est clairement derrière nous », affirme Christian Collin, le directeur général délégué, alors que Groupama a lancé plusieurs chantiers pour « reconstituer des marges de manoeuvre », l’objectif étant d’atteindre une marge de solvabilité de 140 % à horizon 2014 (lire ci-dessous). Au 1 er mars, son portefeuille d’actifs était en plus-values latentes (1,9 milliard d’euros) alors qu’il était en moins-values latentes au 31 décembre. Les chiffres 2011 montrent aussi que « le moteur commercial et technique du groupe a très bien fonctionné », selon Thierry Martel. Le résultat opérationnel est ainsi en nette hausse, à 309 millions d’euros, et le ratio combiné en amélioration de 7,5 points en dépit du coût de la sécheresse (109 millions d’euros).

« Nos clients sont restés fidèles », indique Thierry Martel. En France, Groupama a augmenté le nombre de ses contrats en portefeuille (+ 110.000 en assurance automobile, + 73.000 en multirisque habitation, + 32.000 en santé). Sa filiale GAN Eurocourtage n’aurait pas non plus subi « d’hémorragie »

A 17,24 milliards d’euros, le chiffre d’affaires total a reculé de 1,3 %. La progression en assurance de biens et responsabilité (+ 4,3 %), avec des performances « souvent meilleures que celles du marché »comme en France, ont compensé le repli en assurance de personnes (- 7,1 %). En assurance-vie, Groupama a terminé 2011 sur une collecte nette légèrement positive, malgré l’envolée des prestations versées aux épargnants et la baisse des cotisations encaissées. Enfin, il a réussi à tripler sa production d’unités de compte, des produits plus intéressants pour un assureur parce que moins consommateurs de fonds propres.