Scor ha fatto causa civile anche a Barclays e a Rothschild, le banche consulenti di Covéa. L’azione penale avviata dal riassicuratore francese contro il suo primo azionista ha stupito le borse, ma l’attacco giudiziario contro le banche della mutua è stato considerato di una violenza inaudita.

Anne Drif
Le réassureur SCOR attaque au civil Barclays et Rothschild, les banques conseil de son premier actionnaire Covéa.
« Une violence inouïe. » L’action pénale engagée par le réassureur SCOR contre Covéa – son premier actionnaire qui projetait sa prise de contrôle – a provoqué la stupeur sur la place de Paris. Mais l’attaque judiciaire orchestrée à Londres et Paris contre Barclays et Rothschild, deux des banques de Covéa, l’a sidérée. « C’est d’une agressivité assez inédite », réagissent plusieurs financiers. De mémoire de banquier d’affaires, jamais les tensions liées à un projet d’OPA n’avaient conduit à traîner en justice des références de la place dans ces conditions. Les deux établissements sont mis en cause au civil pour « violation grave de la confidentialité et du secret des affaires de SCOR ». Ces accusations interviennent en marge de l’action engagée contre Covéa qui a, selon le réassureur, détourné de façon « illicite » des informations sensibles divulguées lors de conseils d’administration portant sur la valeur de SCOR et son projet d’approche de Partner Re. Et ce, en vue de « tuer » cet objectif, et déposer sa propre offre.

Credit Suisse échappe aux accusations
La place parisienne a connu peu de précédents, en tout cas pas de cette nature, certains se soldant par des résultats négociés : une action d’Aéroports de Paris contre JP Morgan lors du rachat des aéroports turc TAV en 2012 pour défaut de conseil, et de LVMH contre Morgan Stanley pour des analyses partiales en 2003. En 2008, Eiffage avait aussi mis en cause le rôle de la banque d’investissement du Crédit Agricole dans le cadre de la montée de l’espagnol Sacyr à son capital pour complicité d’informations fausses. Dans la bataille Covéa-SCOR, l’accusation visant les banques a pris par ailleurs une tournure inédite : elle a été rendue publique par communiqué, puis, mardi soir, SCOR a publié la citation directe visant Covéa (avant de la retirer), détaillant jusqu’aux noms et coordonnées personnelles des banquiers concernés.
Ces procédures ont un goût d’autant plus amer pour les deux banques incriminées… que c’est une banque partenaire, Credit Suisse, qui a alimenté l’accusation par « un grand nombre de documents », souligne la citation directe. Conseil de la première heure de Covéa, la banque suisse se retrouve même être la seule des trois banques d’affaires de l’assureur à ne pas être attaquée en justice par SCOR.

C’est une « décision de la présidence de SCOR, argue un proche du réassureur. « Elle a considéré qu’elle avait obtenu ce qu’elle voulait : la transmission d’éléments de preuves et le retrait de Credit Suisse du projet de Covéa ».

Pression sur les banques de financement
Ce n’est pas un hasard si le réassureur a d’abord mis sous « pression maximale » Credit Suisse et Barclays (et non Rothschild), explique cette source : il s’agissait des deux banques qui finançaient l’offre à plus de 8 milliards d’euros de Covéa sur SCOR. « Si elles pliaient, cela mettait de facto l’offensive de Covéa dans une situation plus difficile », estime un autre proche du réassureur. Aussi Denis Kessler ne s’est-il pas privé de juger « tout à son honneur » la décision de la banque helvétique de se retirer du jeu.
Pourquoi Credit Suisse s’est-il désolidarisé du trio ? La citation directe publiée par SCOR est assez explicite. Un avocat du réassureur a exigé de Credit Suisse et Barclays qu’ils lui communiquent des éléments transmis par Covéa sur SCOR. C’est après avoir diligenté une enquête interne que la banque helvétique s’est retirée du projet de Covéa et a obéi à l’injonction de la Haute Cour de Londres de lui communiquer ces documents.
Seul point d’interrogation : Credit Suisse s’est retiré de l’offre mais a-t-il mis fin à son mandat avec Covéa ? « A défaut, si elle a transmis des informations confidentielles, la banque peut, dans ce cas, très bien être attaquée par son client », indique un banquier de la place.
SCOR a ainsi gagné une manche, et exige à présent de Barclays et Rothschild des dommages matériels « substantiels » pour les frais engagés contre son premier actionnaire, indique un proche de SCOR.
Au-delà de ce cas particulier, pour un banquier, « si vous me le demandez en « on » je nierai. Mais sur le fond, cela renforcera la compliance ». Le malaise est néanmoins palpable sur la place parisienne. « Les clients auront du mal à mobiliser des banques sur des opérations hostiles, dit un autre, et les fusions vont à coup sûr se judiciariser de plus en plus. »

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