Pourquoi SoftBank s’intéresse autant à Swiss Re
LAURENT THÉVENIN

LE CONGLOMÉRAT POURRAIT INVESTIR PLUS DE 10 MILLIARDS DE DOLLARS DANS LE RÉASSUREUR. SOFTBANK MULTIPLIE LES OPÉRATIONS DANS LE SECTEUR FINANCIER.
Grandes manoeuvres autour du capital de

Swiss Re. Le premier réassureur mondial
a reconnu mercredi soir des « discussions préliminaires » avec SoftBank Group en vue d’une prise de participation minoritaire du conglomérat japonais à son capital. « Les discussions en sont à un stade très précoce. Il n’y a aucune certitude qu’une transaction soit conclue », a-t-il précisé.
Plus tôt, le « Wall Street Journal » avait affirmé que

SoftBank Group
envisagerait d’acquérir près d’un tiers du capital de Swiss Re. Selon le quotidien financier américain, qui cite des sources proches du dossier, une telle transaction pourrait atteindre les 10 milliards de dollars (8,15 milliards de d’euros), voire davantage. L’opération ferait du groupe japonais le premier actionnaire du réassureur. Les marchés ont bien accueilli cette perspective. Le titre Swiss Re a gagné jusqu’à 6,79 % en séance à la Bourse de Zurich jeudi.
Des motivations encore floues
A ce stade, les motivations de SoftBank – qui n’a fait aucun commentaire sur le sujet – restent peu claires. D’après le « Wall Street Journal », le groupe japonais pourrait se servir d’une telle position pour proposer les produits d’assurance de Swiss Re directement aux clients professionnels qu’il peut approcher via ses différentes participations, comme les conducteurs d’Uber ou les utilisateurs des bureaux partagés loués par WeWork. « L’annonce de mercredi est totalement surprenante alors que la majorité des combinaisons dans le secteur de la réassurance et de l’assurance des grands risques se fait entre acteurs de cette industrie », commente un analyste de Baader Helvea AG dans une note citée par Bloomberg. « Toutefois, étant donné la vision technologique de SoftBank, Swiss Re est une cible qui fait sens compte tenu de ses extraordinaires capacités de recherche-développement », ajoute-t-il. « S’agit-il de combiner de la technologie avec une capacité à gérer les risques pour avoir une offre de disruption ? », se demande un analyste interrogé par « Les Echos ».

Après avoir réalisé des opérations marquantes dans les télécoms au Japon, avec le rachat de la filiale locale de Vodafone en 2006, et aux Etats-Unis, avec l’acquisition de Sprint en 2013, SoftBank fait preuve d’un intérêt croissant pour le secteur financier. En 2017, le premier actionnaire d’Alibaba avait déboursé 3,3 milliards de dollars pour mettre la main sur la société d’investissement américaine Fortress. Fin décembre, il a aussi investi dans

Lemonade, l’une des start-up de l’assurance
les plus en vue aux Etats-Unis.
Attractivité de la réassurance
Son intérêt pour Swiss Re confirme en tout cas l’attractivité de la réassurance. En 2015, Exor, le holding de la famille Agnelli, s’était ainsi offert PartnerRe. Début janvier, l’assureur américain

AIG a annoncé l’acquisition du réassureur Validus
pour 5,56 milliards de dollars.
Depuis le début de l’année, le mouvement de fusions-acquisitions dans le secteur de l’assurance est parti sur un bon rythme. Selon Bloomberg, le montant cumulé des transactions annoncées s’élève déjà à 11,7 milliards de dollars. Et, toujours d’après Bloomberg, l’assureur XL Catlin, basé aux Bermudes, intéresserait plusieurs de ses concurrents, dont l’allemand Allianz.
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