LAURENT THÉVENIN
LES INTEMPÉRIES DE L’AN DERNIER ONT COÛTÉ TRÈS CHER AU SECTEUR.
Gel en Bourgogne en avril, grêle sur les vignobles de Cognac et de Chablis en mai,

inondations du printemps en Ile-de-France
et dans le Centre, sécheresse estivale… Les assureurs agricoles ont été mis à contribution comme jamais en 2016. « Cela a touché toutes les régions et tous les types de culture, les grandes cultures comme les vignes », indique Emmanuel Lelièvre, directeur des opérations d’assurance et de réassurance à l’Etoile Assurance, une mutuelle spécialisée dans l’assurance des aléas climatiques sur récolte.
Le leader du marché, Groupama, a indiqué mercredi avoir versé l’an dernier le montant record de 430 millions d’euros d’indemnisations au titre de l’assurance multirisque climatique. « Pour la première fois, le réassureur est engagé dans l’indemnisation des sinistres », a précisé François Schmitt, président délégué de la

Fédération nationale Groupama
. Après intervention de la réassurance, le groupe mutualiste va payer environ 250 millions d’euros, alors qu’il avait encaissé pour 215 millions d’euros de cotisations. Chez Pacifica (Crédit Agricole Assurances), le numéro deux du secteur, la charge de sinistres en 2016 atteint « environ 100 millions d’euros sur les seuls risques climatiques sur récoltes, pour un peu plus de 60 millions d’euros de primes », indique Patrick Degiovanni, son directeur général adjoint. Pour l’Etoile Assurance, elle devrait s’élever à « environ 50 millions d’euros pour 40 millions d’euros de cotisations ».
Demandes de devis
Après les intempéries de l’an dernier, « il y a eu beaucoup de demandes de devis, mais les taux de concrétisation sont plutôt décevants. Beaucoup d’exploitants sont obligés de faire des coupes dans leurs budgets et font généralement l’impasse sur certaines garanties d’assurance », observe Emmanuel Lelièvre. Pacifica fait état d’un bon démarrage de sa campagne commerciale 2016-2017 : « Notre portefeuille va encore augmenter. Cela dit, le rythme de souscription reste encore insuffisant », souligne Patrick Degiovanni.

La « Ferme France » est toujours sous-assurée. Seules 25,4 % des surfaces (hors prairies) sont protégées, selon Groupama. 2016 a été « la première année où toutes les filières ont baissé en termes de surfaces couvertes », a indiqué Jean-Yves Dagès, le président de Groupama SA.

Pour inciter davantage d’exploitants agricoles à s’assurer, certains, comme Groupama, sont favorables à un abaissement de la franchise à 20 %, contre 30 % actuellement, pour les contrats « socles » qui bénéficient d’une subvention publique au taux de 65 %. Pacifica pousse l’idée d’une subvention « plus élevée, de l’ordre de 80 à 90 % pour une franchise de 20 à 30 % ».
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