Les assureurs ont passé la vitesse supérieure sur l’Internet des objets (IoT). D’après une enquête réalisée par Accenture auprès de plus de 400 opérateurs, dont 29 en France, environ 40 % d’entre eux disent avoir aujourd’hui lancé une offre ou un pilote reposant sur des objets connectés. Là où ils étaient seulement 14 % à avoir investi le champ de la maison et du bâtiment connectés en 2014, 39 % s’étaient positionnés sur ce terrain en 2015. Le nombre d’opérateurs s’étant lancé sur des solutions connectées appliquées à la santé et au bien-être a évolué dans les mêmes proportions, passant de 10 % à 35 % d’une année sur l’autre. Les « digital transformers », c’est-à-dire les entreprises ayant, selon Accenture, pris à bras-le-corps les enjeux de la transformation digitale, sont davantage passés à l’action (57 % pour l’assurance télématique automobile, 61 % pour la maison, etc.).

Manne d’informations

Derrière ce mouvement d’ensemble, il y a la conviction pour presque la moitié (45 %) des entreprises interrogées que l’assurance connectée va générer de nouveaux revenus dans les trois prochaines années. « C’est un des sujets stratégiques majeurs pour les compagnies d’assurances », résume Jean-François Gasc, directeur exécutif chez Accenture Strategy. Car l’utilisation des objets connectés leur ouvre des perspectives immenses en termes de connaissance de leurs assurés et d’une plus grande proximité avec eux.

Alors qu’ils n’avaient qu’une relation épisodique avec leurs clients – au moment de la souscription du contrat ou de la gestion d’un sinistre, principalement -, les assureurs « peuvent désormais envisager d’avoir un contact permanent avec eux ». « Ceux qui sauront capitaliser sur la manne d’informations recueillies avec l’IoT se créeront un avantage concurrentiel leur permettant d’offrir des services hautement personnalisés et s’adaptant en temps réel aux nouveaux besoins et attentes du client », anticipe Jean-François Gasc. C’est ainsi un profond bouleversement du « business model » qui se dessine. « L’IoT fait évoluer l’assurance au-delà de l’indemnisation vers la protection en temps réel », résume Accenture.

Le terrain serait en tout cas propice au développement des solutions connectées. Tout d’abord, parce que « les retours d’expérience sur les assurances télématiques en auto aux Etats-Unis ou en Italie sont excellents. Ces offres permettent d’attirer les bons risques et de les garder plus longtemps », souligne Jean-François Gasc. Autres facteurs favorables, « la baisse rapide du prix des nouvelles technologies et le fait que les assureurs intègrent de plus en plus les smartphones dans leurs solutions connectées devrait aussi permettre une accélération de leur diffusion », conclut-il.

Laurent Thévenin, Les Echos

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