C’est un nouveau terrain de prospection pour AXA. Le groupe français s’est lancé l’an dernier dans l’assurance dite « indicielle » ou « paramétrique ». Cette forme de couverture fixe à l’avance la somme qui sera versée à l’assuré en cas de survenance d’un événement précis, en fonction, par exemple, du niveau de précipitations ou de sécheresse, fixé dans le contrat. Elle ne nécessite donc pas l’intervention (coûteuse) d’experts pour évaluer les dommages, ce qui permet de limiter les tarifs et d’accélérer le processus d’indemnisation. Pour ses promoteurs, l’assurance indicielle serait une solution pour faciliter l’accès à l’assurance pour les petits agriculteurs des pays en développement, et donc pour lutter contre l’insécurité alimentaire.

Si AXA s’intéresse aussi à ce marché, c’est que la précision croissante des donnés satellitaires couplée à l’essor du Big Data – l’exploitation des fameuses métadonnées -, ouvrent de nouveaux horizons. « Nous arrivons désormais à une modélisation au champ près dans n’importe quel pays », souligne Jean-Laurent Granier, le PDG d’AXA Global P & C. Ce qui permet donc une analyse beaucoup plus fine du risque et donc d’ajuster au mieux les primes.

Comme l’assureur l’annonce aux « Echos », AXA Corporate Solutions, son entité dédiée aux grands risques, vient de nouer un partenariat avec le Programme global pour l’assurance indicielle (GIIF) géré par le Groupe Banque mondiale. Lancé en 2009, GIIF cherche à favoriser l’accès à des produits d’assurance innovants dans des pays en développement.

Dans ce partenariat, qui fait suite à celui signé en septembre avec l’IFC, le bras armé de la Banque mondiale dédié au secteur privé, « AXA apporte de la technicité et de la capacité de réassurance », explique Tanguy Touffut, directeur du département d’assurance paramétrique chez AXA CS. L’assureur pourra ainsi mobiliser jusqu’à 50 millions d’euros de capacités par pays. Son intérêt est évident, puisqu’il s’associe avec un partenaire qui a noué des relations avec de grandes coopératives agricoles ou des banques finançant le secteur agricole.

 

Ce partenariat porte principalement sur la zone ACP (Afrique, Caraïbe, Pacifique) avec de premiers développements en Afrique de l’Ouest. « Des appels d’offres sont en cours avec des gouvernements ou des acteurs économiques locaux », indique Jean-Laurent Granier. Autre avantage de travailler avec la Banque mondiale, « cela nous permet d’accéder à des pays où nous ne sommes pas présents », ajoute-t-il, alors que l’implantation d’AXA en Afrique subsaharienne se limite à quelques pays.

Les ambitions du groupe en matière d’assurance indicielle ne s’arrêtent pas aux pays en développement. En Europe, il y aurait aussi une demande de la part d’entreprises « météo-sensibles », dans les secteurs de la construction (le coulage du béton est plus complexe et plus cher quand il fait moins de 5 °C), du tourisme ou de l’agroalimentaire. AXA CS a commencé la commercialisation de tels produits. 

Laurent Thévenin, Les Echos