C’est un Groupama ragaillardi qui présentait ses comptes 2013 hier. L’assureur mutualiste a renoué avec les bénéfices l’an dernier, tournant le dos à deux années de pertes (- 589 millions d’euros en 2012 et – 1,8 milliard en 2011). Alors qu’il s’élevait à 187 millions d’euros à mi-année, son résultat net a finalement atteint 283 millions d’euros sur l’ensemble de l’exercice. Sa marge de solvabilité s’est redressée de 21 points d’une année sur l’autre, à 200 %.

« Le revirement stratégique que nous avons annoncé en 2012 transparaît dans les chiffres », se félicite Thierry Martel, son directeur général. L’assureur est passé d’une stratégie « de taille » à une stratégie « de performance » et sonrésultat opérationnel économique est revenu dans le vert, à 16 millions d’euros, contre – 78 millions un an plus tôt.

Cette stratégie de croissance rentable fait que Groupama privilégie désormais l’assurance-vie en unités de compte et la vente de produits de prévoyance et santé, au détriment de l’assurance-vie en euros. Du coup, son chiffre d’affairesen assurance de personnes s’est contracté de 7,8 % en France. Un virage qui explique largement la baisse du chiffre d’affaires enregistrée au niveau du groupe (- 2,3 %, à 13,67 milliards d’euros). En assurance de biens et de responsabilité, l’assureur a engagé une politique de souscription plus« sélective ». Ce qui ne l’a pas empêché d’augmenter son chiffre d’affaires en France et d’y avoir une croissance supérieure à celle du marché, grâce aux mesures de rattrapage tarifaire.

Groupama est aussi parvenu à améliorer son ratio combiné (sinistres et frais rapportés aux primes), en l’abaissant à 100,8 %, contre 103,1 % un an plus tôt. La performance est d’autant plus notable que les nombreuses intempéries survenues en 2013 lui ont coûté très cher. La charge des sinistres climatiques s’est élevée à 580 millions d’euros, en augmentation de 180 millions d’euros bruts avant impôts par rapport à 2012 qui avait déjà été une année difficile. Le premier assureur agricole français a notamment enregistré une sinistralité historique sur les récoltes. Il a reçu 47.000 déclarations de sinistres sur un portefeuille de 85.000 exploitations couvertes.

« Nous avons accompagné la “Ferme” France dans la réparation de ces sinistres », souligne Jean-Yves Dagès, le président de Groupama. « Mais le modèle ne peut perdurer en l’état. Nous avons partagé cette analyse avec l’ensemble des acteurs du monde agricole et décidé de conduire ensemble une réflexion pour améliorer le système pour qu’une base plus importante d’agriculteurs soit couverte », ajoute-t-il. Groupama espère notamment obtenir, enfin, un mécanisme de réassurance d’Etat pour la multirisque climatique sur récolte, un dossier qu’il pousse depuis des années.

L. T., Les Echos