Les mois se suivent sans se ressembler pour l’assurance-vie. Après le trou d’air de la fin 2013, le produit d’épargne long terme phare des Français commence l’année en force : la collecte nette (c’est-à-dire les cotisations moins les prestations versées) a atteint 1,4 milliard d’euros à fin janvier, selon les données publiées hier par l’Association française des assureurs (AFA). Le retrait de 1,6 milliard d’euros en décembre dernier est donc pratiquement compensé. Surtout, ce niveau de collecte est inédit depuis six mois et celui de 1,9 milliard d’euros en juillet 2013.

Autre signe positif pour l’épargne : habituellement, quand l’assurance-vie collecte bien, le Livret A fait grise mine. Cette fois-ci, le jeu des vases communicants n’a pas eu lieu. Le Livret A et le livret de développement durable (LDD) ont aussi séduit les épargnants en janvier, drainant 2,2 milliards d’euros (« Les Echos » du 24 février). Au total, les produits vedettes de l’épargne ont donc collecté 3,6 milliards d’euros.

Thésauriser et consommer

Attention tout de même à ne pas tomber dans l’enthousiasme. Meilleures qu’en décembre, ces performances n’en restent pas moins médiocres historiquement. En janvier 2013, cette fois, l’assurance-vie avait enregistré une collecte nette de 3,6 milliards d’euros, soit plus du double de celle qu’elle affiche aujourd’hui. A l’exception de janvier 2012, « la collecte nette du premier mois de l’année, sur ces dix dernières années, se situe entre 3 et 6 milliards d’euros », souligne Philippe Crevel, secrétaire général du Cercle des épargnants. Mais, depuis un an, la collecte nette mensuelle n’a plus jamais dépassé les 2 milliards d’euros.

Dans le détail, la composition de cette performance a de quoi rendre perplexe : certes, le solde positif est atteint grâce à un niveau très élevé de versements perçus par les assureurs. Avec 11,3 milliards d’euros versés par les clients, c’est effectivement un beau mois de janvier pour le secteur. Mais ces cotisations ont surtout permis de compenser un niveau de prestations – c’est-à-dire les fonds retirés par les Français – lui aussi particulièrement élevé. Avec le mois de décembre, cela fait donc deux mois que les retraits sont à leur maximum, sur les douze derniers mois. Au fond, ce double mouvement, collecte dynamique de l’épargne d’un côté, retraits importants de l’autre, traduit le rapport ambigu des Français à leur épargne : d’un côté, ils thésaurisent pour se rassurer dans un contexte d’incertitudes économiques fortes. Mais, de l’autre, ils y puisent pour maintenir leur niveau de vie.