Alors que l’addition des dédommagements pour les abus de ventes d’assurance-emprunteur s’élève déjà à 12 milliards de livres pour les banques britanniques et continue à grimper, ces dernières font face à une nouvelle tempête. Les « sérieux manquements » dans les instruments de couverture vendus aux PME que l’Autorité des services financiers (FSA) avait déjà découverts l’an dernier ont été confirmés. Le gendarme des marchés a précisé, à l’issue d’une enquête sur un échantillon de 173 produits financiers, que plus de 90 % de ceux vendus par Barclays, Royal Bank of Scotland (RBS), Lloyds et HSBC posaient problème.

Les grandes banques du Royaume-Uni ont déjà provisionné plus de 700 millions dans leurs comptes, dont 450 millions pour la seule banque Barclays, selon le « Telegraph ». Mais certains chiffrent déjà la facture totale des dédommagements à 1,5 milliard voire beaucoup plus. La FSA estime en tout cas que 40.000 dérivés de ce type ont été vendus depuis 2001.

Tous ne donneront pas lieu à dédommagement : les banques qui prouveront que leurs clients auraient acheté ces produits même s’ils avaient été mieux informés en seront épargnées. Le calcul de la facture est cependant difficile car il pourrait dépendre de la façon dont certains instruments ont été affectés par des manipulations du Libor, le taux interbancaire qui sert de référence à un large éventail de produits financiers. « C’est l’exemple type du petit qui paye pour les mauvaises actions des grandes banques, a en tout cas déploré le ministre du Commerce, Vincent Cable. J’espère que les banques vont désormais dédommager correctement les petites entreprises qui ont perdu de l’argent, du temps et de l’énergie durant ce regrettable épisode. »

Ces contrats de dérivés vendus à des PME et même des TPE leur permettaient de payer un taux fixe pour leur emprunt afin de ne pas être exposées à une possible hausse des taux. Cependant, les taux d’intérêt ayant atteint des niveaux historiquement bas, certaines se sont aperçues qu’elles devaient payer des pénalités énormes pour abandonner ce produit et se refinancer autrement. Beaucoup se sont plaintes du manque de transparence de la part des banques, un travers confirmé par l’enquête de la FSA qui parle d’instruments« absurdement complexes ».

Alors que d’autres banques que les « big four » sont concernées, dont Santander UK, Co-operative Bank ou encore Allied Irish Bank, cet épisode ne va pas redorer l’image du secteur outre-Manche à un moment où les petites entreprises se plaignent de ne pas pouvoir obtenir de crédits. L’Association des banquiers britanniques a promis que les victimes seraient dédommagées correctement, notamment « celles qui en ont le plus besoin », selon Anthony Browne, son DG.

Nicolas Madelaine
Correspondant à Londres