Crise des dettes souveraines, marché de l’assurance-vie déprimé en France, gestion d’actifs rendue compliquée par l’environnement de taux bas… les assureurs français sortent d’un exercice 2012 compliqué. AXA et Groupama aujourd’hui, suivis de CNP Assurances demain, devraient publier des résultats très contrastés.

AXA : la bonne surprise ?

Pour les analystes interrogés par « Les Echos », il ne fait aucun doute que le deuxième assureur européen produira ce matin des chiffres de bonne facture. Danny Jacques, chez Raymond James Euro Equities, attend par exemple un résultat net en hausse, à 4,5 milliards d’euros, contre 4,3 milliards en 2011,« notamment grâce à la progression des activités en prévoyance-santé, qui sont un gros contributeur au résultat, et au redressement des unités de compte ». Le groupe dirigé par Henri de Castries tire là les bénéfices de sa diversification et de la priorité donnée aux produits et aux marchés les plus rentables. Autre facteur favorable souligné par Benoît Valleaux (Natixis), AXA « bénéficie d’une bonne tendance en assurance-dommages » : « Il a été très peu exposé à l’ouragan Sandy et a poursuivi ses hausses tarifaires. » Sur le plan de la rentabilité technique des opérations d’assurance-dommages, les équipes d’Exane BNP Paribas tablent ainsi « un ratio combiné [sinistres et frais rapportés aux primes]meilleur que celui prévu par le marché ».

Groupama : solvabilité redressée

Passé tout près de la catastrophe en 2011, l’assureur mutualiste a depuis employé les grands moyens pour se remettre d’aplomb. Annonce de quatre plans de départs volontaires, recherche d’économies à tous les étages, vente des filiales espagnole et britannique et du portefeuille d’assurances-dommages et transport de GAN Eurocourtage, allégement du portefeuille actions (l’exposition à la Société Générale a été divisée par deux)… « l’année 2012 a été celle du redressement bilanciel », comme le résume un analyste. Un travail dont on devrait voir les premiers effets dans les chiffres présentés aujourd’hui. La marge de solvabilité, qui avait cristallisé les inquiétudes en 2011, devrait dépasser à fin 2012 les 120 % visés par Groupama. Comme les comptes ont dû très certainement être passés à la paille de fer, le résultat net va probablement être de nouveau déficitaire, mais dans des proportions bien moindres qu’en 2011, un exercice conclu sur une perte de 1,76 milliard d’euros.

CNP Assurances : constance dans les résultats

La présentation des résultats de CNP Assurances demain s’accompagnera d’un mini-événement : la première sortie publique du nouveau directeur général, Frédéric Lavenir, depuis son arrivé le 26 septembre dernier. « Ce serait bien qu’il donne un peu de visibilité sur la stratégie… », espère un analyste. En attendant, le consensus parie sur un résultat net légèrement inférieur au milliard d’euros, mais meilleur que le bénéfice en 2011 (872 millions). « Il devrait être un peu affecté par les opérations de réduction du profil de risque sur les investissements », pronostique Benoît Valleaux. Dans une note récente, les analystes de HSBC disent s’attendre, eux, à de nouvelles dépréciations de « goodwill » sur sa coentreprise italienne avec UniCredit. Une nouvelle fois, les analystes soulignent l’approche prudente de CNP Assurances. D’après Benoît Valleaux, l’assureur a sans doute « fait le choix de préserver les matelas de sécurité du bilan, et a donc doté la provision pour participation aux excédents ».

Laurent Thévenin