L’inflexion attendue par les assureurs a bien eu lieu mais elle ne permet pas encore de rompre avec la série noire entamée en août dernier. Pour le sixième mois d’affilée, les épargnants ont en effet retiré plus d’argent qu’ils n’en ont versé sur leurs contrats d’assurance-vie. La décollecte s’est ainsi élevée à 1,1 milliard d’euros en janvier. C’est cependant beaucoup moins qu’en décembre où elle avait atteint le chiffre record de 3,8 milliards d’euros.

L’Association française de l’assurance (AFA), qui a publié ces chiffres hier, y voit un « redressement » imputable essentiellement à la remontée des cotisations en assurance-vie. A 11,9 milliards d’euros, la collecte de primes se situe à « un niveau supérieur aux neuf derniers mois de l’année 2011 et qui retrouve ses meilleurs niveaux », estime l’AFA. Les versements sur les contrats en euros progressent ainsi de 2 % pour la « première fois depuis plus d’un an pour s’établir à 10,4 milliards d’euros », se félicite l’association professionnelle. La collecte des contrats en unités de compte recule, quant à elle, légèrement en janvier avec des versements d’un montant de 1,5 milliard d’euros. La part des unités de compte dans l’ensemble des cotisations est ramenée à 13 % fin janvier, soit un point de moins qu’à la fin de l’année 2011.

Inquiétude des épargnants

Malgré le rebond des versements sur les contrats en euros, les prestations versées aux assurés, sous forme notamment de rachats partiels, restent toujours à un niveau élevé : après le pic atteint en décembre à 13,5 milliards d’euros, elles ont représenté 13 milliards d’euros en janvier. Plusieurs facteurs sont avancés par l’AFA pour expliquer ce phénomène : la crise économique et monétaire qui conduit les ménages à puiser dans leur épargne pour financer leur consommation ; la crise des dettes souveraines qui alimente l’inquiétude des épargnants ; la stratégie commerciale des banques qui favorise les livrets et les comptes à terme au détriment de l’assurance-vie ; et enfin l’attrait pour l’immobilier, plus que jamais considéré comme une valeur refuge.

Au total, l’encours des contrats d’assurance-vie (provisions mathématiques et provisions pour participation aux bénéfices) progresse encore en janvier mais modestement (+ 0,5 %) à 1.368,9 milliards d’euros contre 1.362 milliards en décembre dernier. Ce qui fait toujours de l’assurance-vie le support d’épargne préféré des Français, souligne l’AFA. Un stock qui devrait « au pire être stable » à fin 2012 et qui pourrait même augmenter jusqu’à 3 %, selon les dernières projections du cabinet Facts & Figures. « L’encours est composé pour 80 % de fonds en euros qui rapportent en moyenne 3 % par an. Ce qui le fait mécaniquement croître de 35 milliards », estime Cyrille Chartier-Kastler, son président. Quant à la partie d’encours en unités de compte, elle devrait profiter d’une remontée des marchés actions.