Johnson & Johnson rischia condanne per diversi miliardi di dollari. Il gruppo è accusato di aver dissimulato la presenza di amianto nel talco per bambini. Tutto è cominciato tre anni fa quando una donna è morta per cancro alle ovaie. La sua famiglia era convinta che il tumore era stato provocato dall’utilizzo di talco prodotto dal gruppo americano. L’anno successivo la condanna dal tribunale per 72 mln di dollari di indennizzo alla famiglia. Da lì una serie di cause e nel 2017 una nuova condanna in California per 417 mln di dollari.

Nicolas RaulineBureau de New York

Johnson & Johnson risque des condamnations de plusieurs milliards de dollars. Le groupe est accusé d’avoir dissimulé la présence d’amiante dans son produit.
Des milliers de plaintes, un cours de Bourse qui dévisse, des résultats qui déçoivent… Le géant américain de la santé Johnson & Johnson traverse une véritable crise. Tout a commencé il y a plus de trois ans, avec la mort d’une femme atteinte d’un cancer des ovaires. Sa famille est persuadée que son cancer a été provoqué par l’utilisation de talc produit par Johnson & Johnson. L’année suivante, le groupe est condamné par un tribunal à verser 72 millions de dollars de dommages et intérêts à la famille. Les plaintes affluent alors. A l’été 2017, nouvelle condamnation par un tribunal de Californie. Le montant atteint cette fois 417 millions de dollars.
Devant l’emballement, Johnson & Johnson contre-attaque. Il indique avoir enlevé certains composants chimiques de son talc pour bébé – qui serait utilisé aux deux tiers par des adultes. Mais cela n’empêche pas les litiges de se multiplier. En décembre, on compte 11.700 plaintes à travers le pays. L’agence Reuters se procure alors des documents internes qui révèlent que le groupe était bien au courant d’une contamination de ses produits à l’amiante et qu’il a tout fait pour le dissimuler. A Wall Street, le cours de Bourse perd immédiatement 10 %.
Croissance ralentie
Le groupe tente de se défendre. « Notre talc pour bébé est sûr et ne contient pas d’amiante. Des études menées sur plus de 100.000 hommes et femmes montrent que le talc ne provoque pas de cancer ou d’autres maladies liées à l’amiante. Des milliers de tests indépendants, effectués par les régulateurs et les meilleurs laboratoires dans le monde, prouvent que notre talc n’a jamais contenu d’amiante », affirme Johnson & Johnson dans un communiqué. Il s’appuie notamment sur des contrôles, effectués régulièrement par la Food and Drug Administration (FDA), l’autorité fédérale sanitaire.

La ligne de défense est la même chez son fournisseur Imerys Talc America, filiale américaine du français Imerys, qui se retrouve poursuivie, tout comme J&J, dans une douzaine de procès prévus cette année. Les risques sont aussi conséquents pour ce groupe spécialisé dans la production de minéraux industriels. Lors d’un autre jugement, il avait été jugé responsable de 30 % du total des dommages et intérêts. Lors d’une autre affaire en septembre dernier, il avait préféré régler un accord à l’amiable avec la plaignante.
En attendant, J&J continue sa chute. Les investisseurs craignent que les condamnations se multiplient, à l’avenir, pour le géant. En juillet, une décision de justice l’avait condamné à verser un total de 4,7 milliards de dollars à… 22 plaignants. Johnson & Johnson a fait appel, mais avec 11.700 plaintes en cours, les marchés ont de quoi se montrer inquiets. D’autant que le front judiciaire n’est pas le seul pour le géant. Les résultats, publiés la semaine dernière, montrent que sa croissance devrait ralentir cette année. Selon les prévisions, elle serait quasi nulle en 2019, contre 6,7 % en 2018, avec 81,6 milliards de dollars de ventes.

Un impact limité ?
Les analystes restent toutefois mesurés pour l’instant. J&J a la réputation d’être prudent sur ses prévisions. Le groupe dispose aussi d’importantes réserves de cash : environ 20 milliards de dollars, dans lesquelles il pourrait puiser pour payer d’éventuelles condamnations. « Nous pensons que la réaction des marchés a été disproportionnée, surtout quand on réfléchit sur le long terme », estime l’analyste de JP Morgan, Chris Schott. Pour lui, l’affaire du talc reste un foyer circonscrit, qui ne devrait pas toucher le reste des activités.
Or, si le talc est un produit emblématique de J&J, il pèse peu dans ses ventes : les produits de soins pour bébé ne génèrent que 2 % des revenus du groupe, qui commercialise aussi du matériel médical, des compléments alimentaires, des médicaments… Un domaine qui n’est pas à l’abri des litiges. Face à la crise des opioïdes qui touche les Etats-Unis, avec une recrudescence des morts par overdose, des plaintes visent les laboratoires. Et les autorités pourraient les appuyer.

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