A. F.
DES ROBOTS-TAXIS ET DES NAVETTES CIRCULENT CETTE SEMAINE DANS LES AVENUES DE LAS VEGAS. LE VÉHICULE AUTONOME DEVIENT UNE RÉALITÉ.
C’est un rêve devenu réalité. Des véhicules bardés de caméras et de capteurs, capables de circuler sans chauffeur, ont fait leur apparition cette semaine à Las Vegas, où se tient le CES (Consumer Electronics Show). Dans le

robot-taxi de la start-up Navya
, il n’y a plus de volant, ni de pédales : les six sièges se font face, comme dans une diligence. Il suffit de l’appeler, via une app sur son smartphone. Opérés par Lyft, les véhicules Aptiv (nouveau nom de Delphi Automotive) proposent quant à eux aux participants du CES de rejoindre une vingtaine de destinations aux alentours de la ville.
Le véhicule autonome n’est plus un concept. « Les gens réalisent que ça va arriver », souligne Jacques Aschenbroich, PDG de Valeo. « On ne verra certes pas dès demain des voitures individuelles sans chauffeur capables de sillonner les routes quelles que soient les conditions. Mais on verra à coup sûr dans deux ou trois ans des navettes ou des robots-taxis circuler dans des environnements relativement balisés et cartographiés, comme les lignes de bus en ville. »

De quelques dizaines de véhicules en circulation, le parc de ces véhicules autonomes pourrait passer à 51.000 en 2021, selon IHS Markit. De nombreux constructeurs ont des projets dans les cartons, à l’image de Toyota, qui a dévoilé son e-Palette, sorte de bus capable d’effectuer des livraisons tout seul.

Capteurs, caméras, radars, logiciles
Concentrés de technologie, ces véhicules du futur attisent les convoitises des équipementiers. Non seulement via leurs capteurs, caméras, radars ultrason et autres Lidar (télédétection par laser), mais aussi avec les logiciels permettant d’agréger et d’analyser les données afin que la machine puisse prendre les bonnes décisions.

Bosch, qui a conclu en mai un partenariat avec Daimler pour tester des robots-taxis à Stuttgart et dans la Silicon Valley, affirme avoir déjà vendu ses systèmes à plusieurs constructeurs. « L’aide à la conduite a représenté 1 milliard d’euros de chiffre d’affaires en 2016 et nous espérons doubler ce chiffre rapidement », indique Michael Fausten, chargé du véhicule autonome chez Bosch. Le groupe va investir 300 millions d’euros dans l’intelligence artificielle dans les années à venir.

De même, ce sont

les systèmes d’Aptiv qui équipent les robots-taxis de Lyft
, tandis que Navya a choisi pour ses navettes ceux de Valeo – devenu son actionnaire. Misant lui aussi sur l’intelligence artificielle, l’équipementier a présenté au CES un véhicule capable de conduire grâce à un système de « deep learning ». « La voiture apprend toute seule, à partir de son expérience et ne prend plus ses décisions seulement à partir d’algorithmes », explique Marc Vrecko, directeur du pôle d’aide à la conduite.
Les acteurs traditionnels sont aussi mis au défi par de nouveaux venus. Samsung a par exemple présenté une plate-forme dédiée aux véhicules autonomes, avec un système de caméras doté d’un avertisseur de collision et de sortie de voie. Des acteurs comme Nvidia ou Mobileye commencent à faire leur trou dans les équipements.

Jacques Aschenbroich veut croire qu’il y aura de la place pour tous. « Nous ne sommes pas au même niveau de la chaîne de valeur. Les ‘digital companies’ auront besoin de nos capteurs ! A nous de trouver le bon positionnement », dit-il. Michael Fausten, chez Bosch, se veut aussi confiant. « Nous savons intégrer ces systèmes dans un contexte de fortes contraintes, notamment en matière de sécurité ! », dit-il. La course est lancée.
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