LAURENT THÉVENIN
LE RENDEMENT MOYEN DES FONDS EUROS AU TITRE DE 2016 EST ATTENDU SOUS LES 2 %, LES BAISSES TOURNANT AUTOUR EN GÉNÉRAL DE 40 POINTS DE BASE. FACE AU CONTEXTE PERSISTANT DE TAUX BAS ET AUX APPELS À LA PRUDENCE DE LEUR SUPERVISEUR, LES ASSUREURS-VIE ONT RENFORCÉ LEURS RÉSERVES.
Cette fois, la baisse s’annonce franche. A quelques exceptions près, les contrats d’assurance-vie en euros vont beaucoup moins rapporter en 2016 qu’en 2015. Les annonces de taux de rendement, qui se multiplient ces derniers jours, font ainsi ressortir un net fléchissement des rémunérations servies au titre de 2016. C’est en particulier le cas à l’Afer, dont le taux dévoilé jeudi, toujours vu comme un bon point de repère, a baissé de 40 points de base. Mais, en servant 2,65 % à ses adhérents, la principale association d’épargnants française va toutefois se situer une nouvelle fois parmi les meilleures performances du marché, tandis que l’association Gaipare se distingue avec un taux de 2,90 % (en baisse de 25 points de base). A la MACSF, un autre acteur traditionnellement dans le haut du panier, le recul est de 45 points de base. Mais avec des rendements de 2,40 % à 2,45 %, « les fonds euros MACSF vont surperformer le marché de 0,50 % environ », avance Stéphane Dessirier, son directeur général.

Déjà à 2,27 % pour 2015
Selon toute logique, le rendement moyen du marché, qui était déjà descendu à 2,27 % pour 2015, va passer sous les 2 %. Il est attendu à 1,95 % par Cyrille Chartier-Kastler, président du cabinet Facts & Figures. Pierre-Ignace Bernard, chez McKinsey, table, lui, sur une baisse moyenne de 40 points de base (lire ci-contre). Certaines compagnies affichent des taux inférieurs ou à peine supérieurs à 2 % : entre 1,20 % et 1,90 % chez Mutavie, la filiale d’assurance-vie de la Macif, et de 1,75 % à 2,10 % pour La Mondiale. Comme toujours, le point d’atterrissage final dépendra beaucoup des taux servis par les principaux opérateurs, et tout particulièrement par les acteurs bancaires, qui concentrent la majeure partie des encours de l’assurance-vie. Or, ces derniers ne se classent pas précisément parmi les plus rémunérateurs. Seul bancasseur à avoir pour l’instant communiqué sur le sujet, Sogécap (la compagnie d’assurance-vie du groupe Société Générale) sert un taux de rendement moyen de 1,73 % sur son support en euros.

Tout sauf une surprise
Cette nouvelle érosion des rendements de l’assurance-vie est tout sauf une surprise. Vu le niveau très bas des taux d’intérêt et la forte volatilité des marchés actions en 2016, il était difficile pour les fonds euros de faire des miracles, alors qu’ils sont investis avant tout en obligations, pour être en mesure de rendre à tout moment le capital garanti aux épargnants.

Dans ce contexte, les assureurs ont une fois encore fait le choix de la prudence en renforçant leurs provisions pour participation aux bénéfices (PPB, ou provision pour participation aux excédents). Cette réserve, qui permet de lisser dans le temps les rendements, dépasse désormais les 4 % des encours en euros chez Sogécap et MMA Vie (4,2 %) et les 5 % chez GMF Vie (5,2 %). « Nous mettons de côté pour les années difficiles », résume Gérard Bekerman, le président de l’Afer, qui a doté sa PPB de 106 millions d’euros cette année. Tous les assureurs ont bien pris soin d’insister sur ce point dans leurs communications respectives, afin de montrer qu’ils avaient entendu les appels réitérés de l’Autorité de contrôle prudentiel et de résolution (ACPR) à faire preuve de « modération et de réalisme » dans la fixation de leur taux de rendement. Mais « le vrai matelas de sécurité, ce sont les plus-values latentes », affirme de son côté Jean Berthon, le président de Gaipare.
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