[gview file=”La croissance a été au rendez-vous pour l’assurance française en 2015. Le secteur a vu son chiffre d’affaires progresser de 3,9 % l’an dernier, à 208 milliards d’euros, selon les données publiées jeudi par l’Association française de l’assurance (AFA). Une performance alimentée par les assurances de personnes (qui représentent les trois quarts des cotisations), en hausse de 4,7 %.

Assurance-vie : 2016, une année « test »

Le pouvoir d’attraction de l’assurance-vie ne s’est pas démenti en 2015. La collecte nette (cotisations encaissées moins prestations versées) a atteint 24,6 milliards d’euros, soit 2 milliards d’euros de plus qu’en 2014. « C’est significatif, mais cela reste loin des 50 milliards d’euros du début de la décennie », nuance Bernard Spitz, le président de l’AFA et de la Fédération française des sociétés d’assurances (FFSA). Cela dit, la reprise amorcée depuis le trou d’air de 2012 (collecte nette négative de 6 milliards d’euros) se confirme.

En hausse de 4,9 %, à 135 milliards d’euros, la collecte brute a bénéficié de la baisse du taux du Livret A, à 0,75 %, le 1er août dernier. « Cette remise à niveau a mis fin à un effet d’aubaine », souligne Bernard Spitz, alors que le Livret A a connu une décollecte nette record l’an dernier. Les fonds euros ont pour eux une rémunération toujours plus attractive que la moyenne, même si elle est en baisse (lire ci-contre).

Ces supports qui offrent la garantie du capital à tout moment continuent de concentrer 80 % de la collecte. Mais les Français se tournent davantage vers les unités de compte (UC), plus risquées car investies pour partie en actions, mais aussi susceptibles de rapporter davantage. En 2015, les versements sur ces supports ont progressé de 35 %, et plus de la moitié de la collecte nette (54 %) s’est faite en UC. « Cela montre que les Français cherchent de meilleurs rendements et sont prêts à prendre plus de risques », se félicite Bernard Spitz. Ce mouvement fait les affaires des assureurs, puisque les UC leur coûtent moins cher en capitaux propres à immobiliser et leur rapportent plus que les fonds euros. « C’est potentiellement une tendance structurante », veut croire Bernard Spitz. La réaction des épargnants face à l’évolution de la Bourse, particulièrement chahutée en ce début d’année, sera toutefois « un vrai test », reconnaît-il, les Français ayant tendance à ne pas acheter d’UC quand les marchés actions baissent.

Les assureurs sont par ailleurs toujours dans l’attente des mesures techniques devant permettre au nouveau produit euro-croissance de décoller enfin dans un contexte de taux d’intérêt très bas.

Assurance-dommages : la rentabilité souffre en auto

Le chiffre d’affaires des assurances de biens et de responsabilité a augmenté moins fortement que l’assurance-vie (+1,5 %, à 52 milliards d’euros). Mais « c’est une belle progression, d’autant plus remarquable que nous sommes depuis plusieurs années dans une période de modération tarifaire », juge Pascal Demurger, vice-président de l’AFA et président du Groupement des entreprises mutuelles d’assurances (Gema). Autrement dit, cette progression tient avant tout à un effet volume. Le marché commence à ressentir les premiers effets de la loi Hamon sur la résiliation à tout moment, avec un turnover des portefeuilles plus important (lire ci-contre).

Sur le plan de la rentabilité, le marché offre deux visages. Il est dans le vert en habitation, avec un ratio combiné moyen (sinistres et frais rapportés aux primes) en amélioration à 96 %, contre 99 % en 2014. Il est en revanche déficitaire en automobile. Le ratio combiné moyen de cette branche s’est encore dégradé, passant de 104 % à 106 %, du fait d’une hausse des coûts moyens d’indemnisation des dommages corporels et matériels. En 2015, les événements naturels ont par ailleurs laissé une charge de 1,5 milliard d’euros pour le secteur de l’assurance, un coût « dans la moyenne haute » des dernières années.

Laurent Thévenin, Les Echos