L’année 2015 n’a pas été un grand millésime pour l’hôtellerie française, au vu des premières enquêtes sectorielles annuelles désormais disponibles. Le cabinet MKG, qui est une référence dans le milieu avec sa base statistique (65 % de l’offre hôtelière en France), fait ainsi état, dans son dernier bilan publié mardi, d’ « une année de stagnation  » avec une recette unitaire par chambre disponible (RevPAR) – indicateur clef pour la rentabilité – en progression de… 0,1 %. Ce, alors que l’hôtellerie française présentait déjà un RevPAR érodé en 2013 (- 0,7 %) et en 2014 (- 0,2 %, hors augmentation de la TVA).

2015 tranche toutefois car, pour la première fois depuis une décennie, la province (et non pas Paris) a fait office de locomotive. La stabilité générale du RevPAR masque en effet une baisse des performances de l’hôtellerie de la capitale et en Ile-de-France, affectée par les attaques terroristes de janvier et, bien plus encore, de novembre. La tuerie du 13 novembre n’est cependant pas sans conséquence non plus en province. MKG chiffre ainsi son impact global pour le secteur à 208,1 millions d’euros pour la seule fin de l’année, dont 113,2 millions pour les professionnels parisiens. S’y ajouterait un manque à gagner de l’ordre de 60 millions pour la première moitié de 2016, dont 33 millions à Paris.

Exception française

Concernant la capitale, il convient toutefois de relever des statistiques de MKG que le taux d’occupation moyen y était tout de même encore particulièrement élevé l’an dernier, à 79,4 %. Il a de facto dépassé de quatorze points le taux d’occupation moyen de l’hôtellerie de province qui a profité d’un bon début d’année et d’une belle saison touristique, tout particulièrement dans la région Paca.

Pour autant, avec un RevPAR quasi stable, la France est en décalage par rapport à la tendance européenne, soit une hausse moyenne de 4,7 % selon les données provisoires de MKG. L’Italie, l’Espagne et le Portugal se distinguent tout particulièrement avec des hausses de l’ordre de 11 à 13 %, ce qui témoigne de leur succès renforcé par la désaffection des destinations touristiques vers l’Afrique du Nord. Cette exception française est également de mise pour l’hôtellerie d’affaires. Selon une étude que vient de réaliser HRS, un champion mondial de la réservation hôtelière sur Internet pour les entreprises, l’ensemble ou presque des capitales européennes a connu une croissance de leur tarif moyen journalier en 2015, HRS constatant deux baisses, l’une à Paris (- 1,5 %), l’autre à Moscou, « jadis sur le podium » et qui « s’effondre » (- 25,6 %).

Le surplace de la france devrait toutefois être de courte durée, à moins de nouveaux événements dramatiques. Outre un probable rebond technique, l’Hexagone profitera de l’Euro 2016 de football. 

Christophe Palierse, Les Echos