Les assureurs-vie avaient annoncé la couleur depuis longtemps. Sans surprise donc, les rendements des fonds en euros sont – sauf exceptions – toujours orientés à la baisse. Mais ce n’est pas le décrochage qui avait été parfois pronostiqué.

D’après l’assureur mutualiste MACSF, le taux moyen du marché devrait ainsi se situer autour de 2,40 à 2,50 % pour 2014, contre 2,80 % pour 2013. Un pronostic qui rejoint celui fait par beaucoup d’autres opérateurs, qui évoquent des baisses de 20 à 30 points de base. Le repli sera malgré tout plus marqué que l’an passé.

 
 

Les premières annonces – qui se multiplient depuis la semaine dernière – se situent quasiment toujours autour du seuil des 3 %. La GMF et la MAAF ont même réussi à maintenir leurs taux au même niveau que l’année précédente. « L’hypothèse de rehausser nos taux n’avait pas de sens. Celle de les baisser était frustrante, vu la bonne année que nous avons connue en termes de produits financiers », justifie Didier Ledeur, directeur général de GMF Vie. Ailleurs, les performances sont assez disparates, avec des baisses allant de 0,07 à 0,45 %. Très observé, le taux de l’Afer est, lui, passé de 3,36 % à 3,20 % (lire cicontre). En servant 3,10 % sur son contrat phare, contre 3,40 % un an plus tôt, la MACSF estime de son côté qu’il «  va maintenir l’écart avec la moyenne du marché ».

Mais comme toujours, les premières communications ne donnent pas forcément une idée précise du point d’atterrissage final. Les premiers à sortir du bois sont évidemment ceux affichant les meilleures performances ou cherchant à se positionner commercialement le plus tôt possible. De fait, à part AXA France et AG2R La Mondiale, les autres grands assureurs-vie n’ont pas encore communiqué. C’est le cas notamment des bancassureurs, qui n’ont jamais cherché à se distinguer sur le plan des rendements…

Cette année, les annonces étaient d’autant plus attendues que le gouverneur de la Banque de France lui-même avait appelé les assureurs à faire preuve de modération et à renforcer leurs réserves, vu le niveau durablement bas des taux d’intérêt. C’est ainsi que tous les opérateurs ont doté leurs réserves (appelées provisions pour participation aux bénéfices – PPB – ou provisions pour participation aux excédents). « Nous avons fait des réserves et acheté des couvertures en cas de remontée des taux », explique Olivier Mariée, directeur des activités d’épargne chez AXA France, soulignant que son groupe a « accompagné la baisse très régulièrement depuis quelques années, sans donner d’à-coups ».

Signal fort, l’Afer a mis 80 millions d’euros de côté pour la première fois de son histoire. Une décision qui s’imposait, selon son président Gérard Bekerman, étant donné « le degré d’incertitude supérieur ». « C’est la prise de conscience de risques nouveaux qui nous a conduits à doter notre PPB », ajoute-t-il. « Nous aurions pu maintenir nos taux au même niveau que l’an passé. Mais j’avais pour objectif de remettre notre PPB à 2 % des provisions mathématiques. Cela nous donne une certaine sérénité pour les années à venir », explique pour sa part Geoffroy Brossier, directeur général de MMA Vie.

Alors que les fonds en euros sont composés pour l’essentiel d’obligations, la poursuite de la baisse des rendements semble inéluctable en 2015. « L’espérance de rendement de l’actif se dilue encore plus vite qu’on ne l’anticipait il y a dix-huit mois. Les taux d’intérêt sont bas, tout comme les “spreads” pour les émetteurs de bonne qualité », souligne Sylvain de Forges, directeur général délégué d’AG2R La Mondiale. « Je ne serais pas surpris que le taux moyen du marché passe en dessous des 2 % d’ici à deux ans », avance-t-il.

Ces perspectives ne sont guère réjouissantes pour les épargnants. « Avec une inflation proche de zéro, l’assurance-vie en euros offre des taux réels qui restent intéressants », fait cependant valoir Gilles Ulrich, directeur général du Conservateur, qui sert 3,45 % sur son contrat phare. 

Laurent Thévenin, Les Echos