Une année « honorable ». En présentant jeudi matin le bilan 2014 du secteur de l’assurance, Bernard Spitz, président de la Fédération française des sociétés d’assurances (FFSA), n’a pas fait dans l’emphase. Pourtant, les cotisations – qui témoignent du niveau d’activité – ont progressé sur un an de 6 %, à 199 milliards d’euros. Une bonne nouvelle attribuable aux assurances des personnes (assurances-vie et santé) alors même que les sorties de capitaux (prestations versées, sinistres, rachats) ont stagné, à 159 milliards d’euros.

La tendance s’est raffermie de mois en mois. L’assurance-vie a finalement collecté en net (dépôts moins retraits) 21 milliards en 2014, soit presque deux fois plus qu’en 2013. Les années de vaches maigres (2011 et surtout 2012) appartiennent bien au passé… Mais on reste loin des 50 milliards collectés en 2009 puis à nouveau en 2010. Au total, l’encours vie progresse nettement (+ 4 % sur un an), à 1.515 milliards d’euros, et constitue près de 75 % des actifs gérés par les assureurs. 

Les prévisions les plus noires ont été démenties, mais le rendement des fonds en euros reste en baisse. Le taux moyen du marché se situe à 2,5 %, en recul de 30 points de base sur un an. Cette modération est le signe, selon la FFSA, que les consignes de la Banque de France ont bien été entendues, les assureurs tenant bien compte de l’environnement de taux très faibles. Cette rémunération en repli suffit pourtant à faire du fonds en euros le deuxième meilleur rendement des produits financiers grand public en 2014. Ceux qui ont cherché un surplus de performance se sont tournés vers les unités de compte (UC) de leur contrat, investies de façon plus dynamique. Les UC ont ainsi représenté 20 % de la collecte nette, et constituent 17 % des encours de l’assurance-vie.

Les cotisations ont progressé dans toutes les branches, à l’exception de l’assurance-construction (- 5 %), pénalisée par la panne du logement neuf. Du côté des sinistres, les assureurs ont constaté une baisse du nombre de cambriolages l’an dernier (- 6 %) pour la première fois depuis 2010 (232.500 cambriolages recensés).

En revanche, les indemnisations versées au titre des catastrophes naturelles ont nettement progressé, à 2,2 milliards d’euros (+ 400 millions). Ce chiffre est très supérieur à la moyenne de ces vingt dernières années, de 1,5 milliard d’euros par an. En cause : des orages et inondations à répétition, qui ont parfois touché plusieurs fois de suite les mêmes communes. Autre point noir : la Sécurité routière. Les accidents matériels sont moins nombreux, mais le nombre de tués et de blessés augmente. C’est notamment la conséquence d’un hiver très doux qui favorise l’utilisation des deux-roues motorisés. «  Or ces véhicules concentrent plus d’accidents corporels : ils représentent 10 % du parc et 25 % des tués », explique Bernard Spitz.

Pour obtenir un surplus de rendement pour leurs placements, les assureurs financent davantage les entreprises : l’encours des sommes ainsi mobilisées a progressé de 8,5 % sur un an, à 1.220 milliards d’euros à fin 2014. Les financements aux PME et entreprises de taille intermédiaire (ETI) atteignent 50 milliards d’euros (+ 9 % sur un an). Cette inflexion se poursuivra aussi sous la pression des épargnants, notamment si les nouveaux contrats euro-croissance et vie-génération rencontrent le succès. Ils devraient être proposés respectivement par 70 % et 40 % des assureurs-vie à la fin 2015, estime la FFSA.

Les stratégies vont aussi s’infléchir pour tenir compte des nouvelles réglementations : les règles prudentielles de Solvabilité II doivent entrer en vigueur début 2016, tandis que la généralisation de la couverture santé à tous les salariés du privé oblige les acteurs à s’associer (lire ci-dessous). La récente loi Hamon, enfin, aiguisera encore davantage la concurrence en matière d’assurance-emprunteur. 

Edouard Lederer, Les Echos