Les réflexions semblent aller bon train sur l’avenir du réassureur des mutuelles MutRé. Cette société anonyme est actuellement détenue à parts égales par SCOR, la Matmut et un bloc de 14 actionnaires issus de la Mutualité française.« Cela pourrait être une éventualité que SCOR se porte acquéreur de l’ensemble. Mais tout cela n’est qu’à une phase d’étude », explique aux « Echos » une source proche du dossier. « La Lettre de l’assurance » affirmait mardi que SCOR chercherait à en prendre le contrôle alors que la Matmut souhaiterait se séparer de sa participation. Contactés, la Matmut, la Mutualité française, MutRé et SCOR n’ont pas fait de commentaires.

Créé en 1998 à l’initiative de la Mutualité française, MutRé est le deuxième réassureur professionnel en assurance de personnes en France. Il revendique 16 % de part de marché pour un chiffre d’affaires qui a atteint un plus haut en 2012, de 365 millions d’euros (58 % en santé, 33 % en prévoyance et 9 % en dépendance). A 3,6 millions d’euros, le résultat net de MutRé se situait dans la fourchette haute de son plan stratégique 2012-2016, pour un ratio de solvabilité de 201 %.

« La question qui peut se poser aujourd’hui est celle de la pertinence de cet outil. Compte tenu de la taille du marché, il est maintenant difficile pour MutRé de se développer sans aller marcher sur le terrain de SCOR », explique un bon connaisseur du groupe.

Une prise de contrôle par SCOR s’inscrirait pleinement dans le mouvement stratégique opéré par le premier réassureur français. Ces dernières années, le groupe dirigé par Denis Kessler a en effet considérablement accéléré sa diversification vers la réassurance-vie et santé, notamment via deux opérations majeures : le rachat du portefeuille mortalité de Transamerica Re aux Etats-Unis en 2011 et la reprise l’an dernier des activités américaines de Generali. Lors de la présentation de son nouveau plan stratégique en septembre dernier, Denis Kessler avait toutefois indiqué qu’il n’était « pas stratégique » de réaliser de nouvelles acquisitions.

Laurent Thévenin, Les Echos