L’assurance française a retrouvé le chemin de la croissance, mais son équilibre est précaire. Après deux années de contraction, son chiffre d’affaires a progressé en 2013 de 4 %, à 189 milliards d’euros, selon les données livrées jeudi par la Fédération française des sociétés d’assurances (FFSA). Ce retour à une dynamique positive tient au rétablissement de l’assurance-vie (+ 6 %, à 120 milliards d’euros), qui génère 63 % des revenus du secteur. Dans l’assurance de biens et de responsabilité, « le bilan est plus nuancé », souligne Bernard Spitz, le président de la FFSA. La croissance de cette branche s’est tassée l’an dernier (+ 2 %, contre + 3,1 % en 2012). Décryptage.

Alors qu’elle sortait d’une année noire en 2012 avec une collecte nette (cotisations moins rachats et prestations décès) négative, l’assurance-vie a inversé la tendance en 2013. Le solde net s’est élevé à 10,7 milliards d’euros, sous le double effet d’une hausse des encaissements et d’un recul des prestations (- 9 %). La moindre attractivité du Livret A et du livret de développement durable (LDD) a permis à l’assurance-vie de retrouver des couleurs.

Celle-ci est toutefois loin des niveaux de collecte nette de 2009 et 2010, qui atteignaient les 50 milliards d’euros. Autre point de vigilance, le mois de décembre s’est soldé par une collecte nette négative de 1,6 milliard d’euros. Il faut remonter à mai 2012 pour trouver un aussi mauvais mois. Ce trou d’air résulte d’une forte poussée des prestations, qui ont culminé à 12,1 milliards d’euros, leur plus haut montant en 2013. « Cela signifie que les choses sont fragiles », commente Bernard Spitz.

Pour autant, les assureurs se montrent optimistes alors que le cadre fiscal du placement semble stabilisé. S’il devrait chuter à 2,8 % pour 2013, le rendement moyen des fonds en euros resterait en outre « très supérieur » à l’inflation et au Livret A, insistent-ils. Ils misent aussi beaucoup à l’avenir sur le nouveau produit « euro-croissance », qui devrait être commercialisé dès cette année.

Sur les sept derniers mois, la facture des aléas climatiques est déjà aussi lourde que la moyenne annuelle des vingt dernières années, à 1,5 milliard d’euros. La tempête Dirk du mois de décembre va coûter au secteur entre 175 et 210 millions d’euros, le cyclone Bejisa à La Réunion entre 40 et 50 millions, et les récentes inondations du Var entre 180 et 220 millions d’euros. « Plus que le nombre d’événements naturels, c’est leur impact qui augmente avec le temps », note la FFSA, qui « reste en attente de l’adoption des ajustements du régime d’assurance-catastrophes naturelles, qui ont fait l’objet d’un large consensus ».

Au-delà, le contexte est tout aussi défavorable au secteur avec une hausse des fréquences des vols en multirisque habitation (MRH) pour la cinquième année d’affilée et une inflation du coût moyen des dossiers en assurance automobile. Résultat, la sinistralité a augmenté de 3 % l’an dernier, à 37 milliards d’euros. Lesratios combinés (sinistres et frais rapportés aux primes) se sont détériorés, à 105 % en auto et à 106 % en MRH. Autant d’éléments qui devraient nourrir la hausse des prix de l’assurance des particuliers constatée depuis quelques années.