Ce n’est pas une population sur laquelle les assureurs montrent un allant particulier. D’après une étude Sia Partners, ils ne sont qu’un quart à proposer au moins une offre ciblant les jeunes. En regard, les banques sont plus en avance : les trois quarts d’entre elles ont un numéro de téléphone, une marque, un site ou une page Internet dédiés.

Alors qu’il s’agit pourtant de leurs clients de demain, les assureurs ne se livrent pas une concurrence effrénée sur ce marché. « Notre approche consiste d’abord à équiper les enfants de nos sociétaires. Ce sont en effet eux qui constituent les flux d’entrants les plus importants », explique Catherine Touvrey, directrice générale déléguée chargée des métiers à la Macif. C’est en particulier le cas pour l’assurance-automobile. « Les statistiques des accidents de la route ne plaident pas en faveur de l’assurance des jeunes conducteurs. C’est un mal nécessaire que de prendre le fils quand on assure déjà le père », affirme une compagnie. Autrement dit, les assureurs peuvent difficilement refuser l’enfant d’un assuré ou le maltraiter sur le plan tarifaire alors même qu’il s’agit d’une population à risques !

En santé, le marché est aussi très étroit : « Les jeunes restent souvent assez longtemps sur le contrat de leurs parents et, quand ils sont embauchés dans une entreprise, ils entrent dans un contrat collectif », souligne Pierre François, directeur général de Swiss Life Prévoyance et Santé.

Opportunités inexplorées

Pour l’heure, seul AXA France a lancé une offensive d’envergure en créant une marque dédiée aux 18-29 ans avec une communication 100 % numérique. Depuis le mois de juin, il a gagné plus de 60.000 clients jeunes avec Switch by AXA. « C’est, à l’évidence, un bon moyen pour prendre des parts de marché. On le voit dans la banque avec le développement de marques spécifiques à chaque segment de clientèle, comme Hello Bank !, BforBank ou Boursorama », estime Julien Sac, associé chez Sia Partners, qui s’attend à ce que le modèle d’AXA fasse des émules. « Nous n’excluons pas de faire un jour quelque chose de ce genre », indique ainsi Catherine Touvrey.

La Maif, elle, a lancé en 2013 une offre spéciale pour les jeunes enseignants et s’adressera à nouveau spécifiquement aux jeunes actifs cette année lors de ses campagnes de mars-avril et septembre-octobre. Pour Sia Partners, les assureurs ont encore « un potentiel d’opportunités encore inexplorées ». D’autant que « la grande majorité des offres jeunes existantes ne sont qu’une adaptation des offres classiques avec un packaging différent », fait remarquer le cabinet.« Quand on les interroge, les jeunes nous demandent de prendre en considération leurs besoins spécifiques. Contrairement à ce qu’on pourrait penser ils veulent aussi avoir un lien avec un conseiller, en face-à-face ou au téléphone », observe pour sa part Catherine Touvrey. Selon elle, il convient en outre de bien faire une distinction entre les 18-25 ans –  « encore très influencés par leurs parents, lesquels, bien souvent, paient les cotisations » – et « les jeunes installés », qui ont des problématiques d’assurance différentes.

Parmi les pistes pour capter et retenir cette clientèle jeune très volatile, Sia Partners suggère une approche à la easyJet. « Le prix étant le principal critère de choix d’une assurance pour un jeune, il s’agirait de proposer un package de base à un tarif compétitif et de vendre ensuite des options », explicite Julien Sac. Une approche qui est déjà en cours dans le secteur.

Laurent Thévenin