Allianz a encore cédé du terrain hier en Bourse au lendemain de l’annonce surprise du départ de Mohamed El-Erian, directeur général de Pimco, pilier de l’assureur allemand dans la gestion d’actifs. A Francfort, le titre abandonnait plus de 3 % dans l’après-midi, fermant la marche du DAX et ce après un recul de 1,24 % la veille. Les investisseurs s’inquiètent de possibles conséquences négatives d’une telle perte pour Pimco, déjà mal en point ces derniers temps.

Si les marchés sont nerveux, c’est en raison de l’importance prise avec le temps par Pimco dans la performance globale d’Allianz. Sa filiale depuis 2000 gère pas loin de 2.000 milliards de dollars d’actifs, soit près de 80 % du total sous mandat de gestion. Côté performance, Pimco a dégagé un résultat opérationnel de 2,14 milliards d’euros de janvier à septembre 2013, soit 27 % du total de 7,7 milliards affiché par l’assureur. Ceci, alors que la stratégie du gestionnaire américain axée pour l’essentiel sur des placements obligataires a connu des ratés, les sorties de fonds atteignant une ampleur inédite. Les encours gérés ont augmenté de 22,7 milliards d’euros sur les neuf premiers mois de l’année, contre 114 milliards d’euros pour toute l’année 2012.

La majorité des analystes restent toutefois convaincus qu’Allianz atteindra en 2013 son objectif de résultat opérationnel. La bonne performance de sa branche dommages va l’y aider. Or, les problèmes chez Pimco sont un premier foyer d’incendie à éteindre en cette année 2014, indépendamment du départ de l’icône El-Erian. La nomination de Douglas Hodge, un vétéran de Pimco, pour le remplacer, montre qu’Allianz a la volonté de maintenir le cap sur la performance.

Quant à El-Erian, s’il pouvait être en délicatesse avec le fondateur de Pimco, Bill Gross, il aurait toujours trouvé un soutien en la personne de Michael Diekmann, président du directoire d’Allianz. Pas étonnant que l’Egyptien de naissance, en vue pour ses positions sur l’économie, conserve un strapontin chez l’assureur munichois. Il va demeurer au comité exécutif et le conseiller. C’est en quelque sorte un poste d’ambassadeur qui lui revient, en rendant compte directement à Diekmann.

Jean-Philippe Lacour, Les Echos
Correspondant à Francfort