Pour son premier grand rendez-vous avec la City, le nouvel homme fort de Trieste a voulu se fixer des objectifs exigeants, sinon audacieux. Six mois après sa nomination, le nouveau patron de Generali, Mario Greco, a annoncé hier, à Londres, une « révolution » dans la gouvernance et l’organisation du groupe en vue de rompre avec la « gestion opaque » du passé. Outre un objectif de résultat opérationnel supérieur à 5 milliards d’euros « à plein régime » (13 % de ROE), l’assureur italien se fixe pour ambition d’atteindre un cash-flow annuel de 2 milliards d’euros (contre 1,3 milliard d’euros en 2011) et un ratio de solvabilité Solvency I supérieur à 160 % en 2015, à travers un plan de réduction de coûts de 600 millions d’euros sur trois ans.

Coeur de métier

« Notre objectif est de transformer Generali en opérateur global capable de rivaliser sur les marchés internationaux », a lancé Mario Greco en rappelant que le groupe (70 milliards d’euros de primes en 2011) réalise déjà 70 % de son volume d’affaires hors Italie. Signe de cette volonté d’internationalisation : l’assureur a porté à quatre sur dix le nombre des membres « non italiens » au sein du comité de direction. Tout en soulignant le recentrage du groupe sur son « coeur de métier », le renforcement de la branche dommages et l’ouverture sur les marchés asiatiques et émergents, Mario Greco a surtout insisté sur sa volonté de transformer radicalement la gouvernance de Generali.

« Le vrai talon d’Achille de Generali a été sa gouvernance opaque, son manque de transparence en termes de processus de décision et ses priorités stratégiques compliquées, même parfois contradictoires », a déclaré hier Mario Greco, six mois après le limogeage de Giovanni Perissinotto, l’un des deux membres (avec Sergio Balbinot) du tandem nommé par Antoine Bernheim il y a dix ans. Parallèlement, le numéro un de Generali a annoncé une nouvelle approche commerciale en vue de « réduire la dépendance de son réseau d’agences ». Enfin, il a chiffré à 4 milliards d’euros sur trois ans le plan de cessions d’actifs qui inclut la banque privée suisse BSI et la filiale de réassurance américaine Generali USA Life Reassurance. En revanche, il est resté plus flou sur l’avenir des participations industrielles (RCS Media Group, Pirelli, Telecom Italia) : elles seront examinées « au cas par cas » mais ne seront plus considérées comme « stratégiques ».

« Generali est un des rares groupes italiens qui peut acquérir de nouvelles parts de marché dans le monde. Nous voulons créer la crédibilité pour pouvoir croître encore », a souligné Mario Greco sans cacher son ambition de renforcer ses positions en Asie et en Amérique latine. Parallèlement, Mario Greco estime que le groupe italien s’est retiré un peu trop « radicalement » de la bancassurance et n’exclut pas d’y revenir sur certains marchés, comme au Brésil, mais sans avoir recours à des accords capitalistiques.

Pierre de Gasquet
A Londres