Que les épargnants dont le contrat d’assurance-vie en euros aura rapporté au moins autant en 2012 qu’en 2011 lèvent le doigt ! Sauf exception, les rémunérations servies au titre de 2012 sont une nouvelle fois en baisse. Cela dit, les rendements déjà communiqués sont moins mauvais qu’anticipé.

Combien l’assurance-vie rapportera-t-elle cette année ?

La rémunération moyenne des fonds en euros devrait passer en dessous des 3 % alors qu’elle était de 3 % en 2011 et de 3,30 % en 2010. Cyrille Chartier-Kastler, président du cabinet Facts & Figures, s’attend à ce que le marché serve du 2,85 % en moyenne. Les taux déjà annoncés sont dans l’ensemble supérieurs à 3 %. Mais gare à l’effet trompe-l’oeil. Pour l’heure, seuls deux grands opérateurs (AXA et BNP Paribas Cardif) ont communiqué. Ceux qui ont pris les devants sont surtout des groupes mutualistes – traditionnellement plus généreux – ou de très petits acteurs comme la Carac, qui ont un encours limité et donc plus facile à gérer. Dans certains cas, des assureurs ont « oublié » de donner le taux de leurs contrats fermés à la commercialisation, qui sont généralement moins bien traités que les autres. Au final, les écarts de performance pourraient être assez importants d’une compagnie à l’autre « en raison de politiques d’investissement de plus en plus hétérogènes », explique Cyrille Chartier-Kastler.

Comment les assureurs ont-ils pu limiter la casse ?

Cette année, et sans doute plus que les années précédentes, les assureurs mettent en avant la qualité de leur politique de gestion d’actifs. Chez Apicil, par exemple, on explique avoir pu servir un taux « attractif » (3,32 %) grâce à « la part prédominante d’emprunts d’entreprises » dans son portefeuille d’actifs. D’autres ont profité de l’embellie des marchés actions. La MAAF a ainsi fait « des allers-retours en Bourse qui lui ont permis de doper les rendements ». « Nous avons désormais une poche actions significative, que nous avons fait passer de 8 % à 11 % du portefeuille », indique Etienne Couturier, le président du directoire de MAAF Vie. Le contexte de décollecte du marché a aussi paradoxalement joué en faveur des assureurs. « Le fait d’avoir eu très peu de nouveaux flux à investir leur a évité d’avoir à acheter de nouvelles obligations à des taux très bas. Cela a donc permis de moins diluer les portefeuilles, tant pour les rendements 2012 que pour les futurs », note Cyrille Chartier-Kastler.

Auraient-ils pu mieux faire ?

Dans certains cas, sans doute. Contrairement aux années précédentes, la majorité des assureurs ne se sont pas servis de leur provision pour participation aux excédents (PPE), cette poche qui leur permet de gonfler les rendements les années de vaches maigres. D’après Cyrille Chartier-Kastler, « les assureurs devraient arriver à servir du 2,85 % en moyenne cette année sur le seul rendement courant de leur portefeuille financier ». En général, c’est le pragmatisme qui a prévalu. Mutavie, la filiale de la Macif, explique « avoir fait le choix de la prudence et de se situer dans une bonne moyenne du marché ».« Pour le Compte Epargne MAAF, qui est fermé à la commercialisation, mais qui représente les deux tiers des encours, nous ne voulions pas passer sous la barre psychologique des 3 %. Nous avons servi un taux identique pour notre contrat Winalto, parce que nous avions fortement baissé sa rémunération l’an dernier », détaille pour sa part Etienne Couturier. De nombreux assureurs (la GMF ou la MAAF notamment) ont également regonflé leur PPE, se donnant ainsi des marges de manoeuvre pour l’avenir. « L’année 2013 s’annonçant incertaine, nous avons préféré doter notre PPE, qui s’élève désormais à 1,2 % de l’encours, contre 0,8 % auparavant », précise ainsi Alain Mouttou, directeur développement et partenariats, marketing et communication de Mutavie.

Et pour 2013 ?

« Comme l’OAT française et les obligations d’entreprises ont fortement baissé ces derniers mois, il ne faut d’ores et déjà pas attendre de miracle pour 2013 »,anticipe Cyrille Chartier-Kastler. Selon lui, les rendements devraient poursuivre leur érosion et tomber aux alentours de 2,50 % à 2,60 % en moyenne. « Ceci dit, l’année 2013 devrait marquer un point bas, et les rendements devraient repartir à la hausse ensuite », pronostique-t-il. En tout cas, la baisse prochaine du taux du Livret A à 1,75 % fait clairement les affaires des assureurs car, comme le rappelle Alain Mouttou, « le seuil psychologique d’arbitrage de nos sociétaires se situe plutôt autour du taux du Livret A ».