Le « lion de Trieste » remet de l’ordre dans ses investissements en Europe de l’Est. A quelques jours de la présentation de son plan stratégique, à Londres, le 14 janvier, Generali a annoncé hier une remise à plat de ses accords avec le milliardaire tchèque Petr Kellner, fondateur de PPF. Au terme de ces négociations, le groupe italien va racheter en deux temps les 49 % de la société commune GPH, créée il y a quatre ans avec Petr Kellner, pour 2,5 milliards d’euros. Parallèlement, le groupe dirigé par Mario Greco va se renforcer en Russie en montant à 38,5 % dans l’assureur Ingosstrakh, à travers un échange d’actifs avec PPF.

« Cette opération va permettre de clarifier et de donner une plus grande visibilité à notre stratégie en Europe centrale et orientale », a souligné hier le PDG de Generali, Mario Greco. C’est le premier investissement significatif depuis son arrivée à la tête du groupe en août 2012. Dans un premier temps, le groupe italien va racheter 25 % de GPH en mars pour une première tranche de 1,28 milliard d’euros (destinée à rembourser un financement à un consortium bancaire piloté par Calyon). La reprise des 24 % restants est prévue pour décembre 2014.

Le financier tchèque, dont les accords avec Generali avaient été contestés par Vincent Bolloré en 2011, disposait d’une option de vente de ses 49 % de GPH pour 2,5 milliards d’euros en juillet 2014. Mais, à l’issue de plusieurs mois de négociations, l’assureur de Trieste a préféré anticiper la manoeuvre en dénouant ses liens avec l’homme d’affaires tchèque. Parallèlement, Generali va céder à PPF ses activités d’assurances pour le crédit à la consommation en Russie, Ukraine, Biélorussie et Kazakhstan, pour 80 millions d’euros.

Autre nouveauté de l’accord : Generali va monter à 38 % dans l’assureur russe Ingosstrakh (à travers la reprise de PPF Beta), en échange de la cession à son partenaire tchèque de ses 27,5 % dans PPF Partners (actionnaire de Continental Hotels, EP Holding, Ukraine Cable TV…) Pour l’assureur italien, qui s’était heurté jusqu’ici aux fortes tensions entre son partenaire tchèque et l’oligarque russe Oleg Deripaska, principal actionnaire d’Ingosstrakh, l’objectif est de se renforcer en Europe centrale, son quatrième marché après l’Italie, la France et l’Allemagne. Plutôt bien accueilli par les analystes qui y voient une levée des incertitudes sur son financement, l’accord marque la fin du partenariat avec Petr Kellner qui a revendu l’essentiel de sa participation de 2 % dans Generali.

En marge de cette opération, Generali entend encore renforcer son trésor de guerre à travers la cession de ses intérêts dans la banque privée suisse BSI (valorisés à 2 milliards d’euros) et de ses activités de réassurance aux Etats-Unis. Mais selon les analystes de Mediobanca, ces deux dernières cessions risquent de se révéler plus difficiles.

Pierre de Gasquet
Correspondant à Rome