Les grands réassureurs mondiaux feront connaître prochainement le résultat des renouvellements du 1er janvier 2012. En attendant, leurs courtiers ont donné une première tendance. Alors que les catastrophes naturelles de l’année 2011 ont coûté aux assureurs la somme record de 105 milliards de dollars, le courtier Willis Re décrit un marché « de plus en plus segmenté ». En Australie par exemple, touchée l’an dernier par de violentes inondations, les tarifs ont explosé pour les programmes sinistrés (de + 40 % à + 75 %), mais ont beaucoup moins augmenté pour les autres contrats (de + 15 % à + 35 %). Les majorations atteignent entre 80 % et 150 % en Nouvelle-Zélande après le séisme de Christchurch. Aux Etats-Unis, les évolutions tarifaires sont en ligne avec les renouvellements de la mi-2011, avec cependant une plus grande différenciation d’un client à l’autre, souligne le courtier.
Besoins additionnels transférés
Au total, le poids des catastrophes naturelles en 2010 et 2011 n’a « pas encore poussé les assureurs à chercher plus de capital, à acheter des limites de réassurance plus élevées, à augmenter leurs prix ou à réduire les expositions des produits qu’ils vendent », observe Aon Benfield. Reste que les principaux programmes sinistrés ne sont pas encore arrivés à renouvellement. Comme le souligne le courtier, « il est possible » que les assureurs et les gouvernements concernés augmentent leurs programmes de réassurance lors des renouvellements d’avril, juin et juillet.
Le secteur de la réassurance sera de toute façon assez bien capitalisé pour répondre aux demandes supplémentaires de couverture. Le niveau de capital global, au plus haut fin 2010, a été à peine entamé par les catastrophes de 2011 (- 4 % fin septembre, d’après Aon Benfield). L’introduction en Europe du nouveau modèle RMS pour les tempêtes n’a par ailleurs pas poussé la demande en réassurance. Les besoins additionnels sur les expositions en Europe de l’Ouest et aux Etats-Unis ont été « transférés » au marché des obligations catastrophes, selon Aon Benfield.
Selon Willis Re, les évolutions tarifaires actuelles sont « largement dictées par des problématiques de revenus », et non pas par des questions de capital. Si les résultats techniques s’améliorent en 2012, rien ne dit que le marché puisse durablement s’inscrire à la hausse, estime le courtier.
LAURENT THÉVENIN