Gan Eurocourtage, filiale de Groupama, pâtit de la dégradation de la note du groupe. L’agence de notation Standard and Poor’s (S&P) a en effet abaissé la note de l’assureur de BBB à BBB- le 15 décembre, et de fait, celle de toutes ses filiales. Or Gan Eurocourtage a été renfloué par la Caisse des dépôts, qui a souscrit à une émission d’actions de préférence à hauteur de 300 millions, et cette filiale atteint désormais une marge de solvabilité de 350 %. C’est par ailleurs l’une des pépites de l’assureur, qui contribue fortement aux résultats du groupe. Avec Groupama Transport (absorbé le 1er janvier 2012), Gan Eurocourtage représentait près de 10 % des résultats du groupe en France à fin juin 2011.

C’est pourquoi Groupama essaie d’obtenir l’aval de l’Autorité de contrôle prudentiel (ACP) pour pouvoir décorréler la note de Gan Eurocourtage de celle de sa maison mère. S&P pourrait ensuite se nourrir des conclusions de l’ACP pour décider ou non d’une notation plus favorable pour Gan Eurocourtage.

Et si l’assureur est si pressé de revenir sur la note de sa filiale, c’est que l’activité de cette dernière peut souffrir du niveau de notation BBB-. En effet, les dossiers de Gan Eurocourtage peuvent être recalés pour cette seule raison lors de procédures d’appels d’offres. « Dans le cadre d’un appel d’offres, chaque entreprise a son propre niveau d’aversion au risque et regarde la notation financière en deçà de laquelle elle ne veut pas travailler avec un partenaire, quand bien même celui-ci ne serait pas défaillant », explique Éric Maumy, directeur général de Verlingue, courtier en assurances.

À la suite de cette dégradation, de grandes entreprises assurées peuvent également résilier leur contrat. « Les contrats d’assurance ne prévoient pas la possibilité de sortir en cours de vie du contrat en raison de la dégradation de la notation financière, sauf si une clause spécifique a été intégrée. Certains grands assurés réussissent à négocier l’insertion de cette clause à titre individuel », précise Éric Maumy.

Pression

Mais c’est l’exclusion de certains régimes de co-assurance (opération par laquelle plusieurs sociétés d’assurances garantissent un même risque) qui pourrait être le plus pénalisant pour Gan Eurocourtage. C’est d’ailleurs sur ce type de contrat que l’assureur AIG avait à l’époque dû se battre pour conserver ses affaires. « Certains assureurs eux-mêmes refusent d’avoir un assureur mal noté dans le même régime de co-assurance qu’eux. L’apériteur peut donc faire pression pour faire sortir l’assureur dégradé de la co-assurance. Il peut même y avoir des assureurs dont l’intérêt tactique est de faire sortir un concurrent d’une co-assurance », ajoute Éric Maumy.

Le « timing » devrait cependant jouer en faveur de Gan Eurocourtage. Car la dégradation de sa note est intervenue mi-décembre et la plupart des contrats se renouvellent au 1er janvier. « Si la dégradation de Gan Eurocourtage était intervenue en septembre, cela aurait posé plus de problèmes. Là, peu de concurrents ont eu le temps de profiter de la situation », constate Éric Maumy.

Depuis le 15 décembre, S&P maintient par ailleurs sa surveillance négative sur le groupe. Une dégradation supplémentaire de sa note ferait passer l’assureur dans la catégorie dite spéculative.

Laura Fort